Je vous souhaitais de joyeux fêtes et tout dans ma dernière chronique parce que j'étais persuadée que ce serait la dernière de l'année. Faut jamais dire jamais !
Editeur : Actes Sud
Collection : Babel
Parution : 2001
Pages : 250
Résumé :
Comme chaque année, Klaus, un jeune trappeur, va passer quelques jours dans la cabane de l’ami qui autrefois lui enseigna comment survivre dans le Grand Nord. Ce n’est pas son ami qu’il y trouve, mais la jeune Indienne qui devait devenir la bru de celui-ci. Parti après la mort de son fils, l’homme a disparu. Mais un pilote a repéré des traces de traîneau, loin au nord, là où ne vivent plus ni Indiens ni Eskimos, là où les trappeurs ne s’aventurent jamais. Klaus et la belle Indienne se lancent sur cette piste.
Quand je l'ai commencé, et même avant, je m'attendais à un récit d'aventure, très autobiographique. Je connais l'auteur pour ses engagements et j'ai déjà lu, il y a quelques années, "Loup", un roman que j'avais bien aimé. Mais je me suis plantée.
D'accord, je doute pas que Vanier ait mis là-dedans beaucoup de son vécu, de sa vie, de ses expériences, mais j'ai vite compris qu'en réalité il y avait surtout mis son cœur. C'est difficile de parler d'un texte comme ça pour moi car il me semble davantage philosophique qu'autre chose.
Les 3 personnages : Klaus et Prug, trappeurs, et Ula, une indienne, sont des meurtris, des écorchés, abimés par la vie. Pourtant, ils n'abandonnent pas. Ils ne gardent pas simplement espoir en l'avenir : ils luttent. Ce sont des personnages qui agissent continuellement, vont de l'avant ; pour dire simplement : ils laissent leurs empreintes, leurs traces, et pas seulement dans la neige. Dans la vie aussi. Ils m'ont énormément touchée, marquée. Tous les trois ont vécu un choc qui les a conduit à vivre ensemble cette aventure jusqu'au bout du monde.
C'est très percutant car l'auteur a construit son texte, à mon avis, comme une grosse métaphore. Ces 3 protagonistes incarnent chacun ce qu'on peut tous chercher : la vérité, l'amour, la reconnaissance avec, au final, le danger de la mort qui plane à chaque instant. Le chemin qu'ils suivent dans la toundra ne semble être rien d'autre que le chemin de la vie, la ligne qu'on décide de suivre, faite d'embûches, de dangers et de virages pas toujours facile à prendre. C'est comme ça que j'ai vu leur voyage.
Evidemment, ce livre c'est aussi une atmosphère toute entière au plus fort de l'hiver du Grand Nord au milieu de paysages grandioses décrits pourtant avec une impressionnante économie de mots. Vanier ne nous noie pas sous des kilomètres de descriptions, il va à l'essentiel et c'est d'autant plus percutant dans sa brièveté. Il alterne entre l'obscurité d'une nuit d'hiver et la lumière aveuglante du soleil sur la neige éclatante en plein jour. Une écriture presque épuisante émotionnellement pour moi.
Ouais, ce truc m'a marquée, c'est court, puissant, ça cache un message fort d'acceptation, de résignation aussi, d'espoir, de force, de courage et, surtout, de confiance. Parce que, même si Klaus, Prug et Ula sont très différents, quelque chose de semblable les lie : l'attachement à leurs chiens de traîneau. Une confiance réciproque puisque les bêtes ont également confiance en leur musher et c'est aussi une fabuleuse preuve des exploits que hommes et animaux peuvent accomplir ensemble.
D'autres avis sur
Encore une lecture du Cold Winter Challenge ! Avec celui-là, m'en reste plus que 2 à lire, ce qui est totalement faisable, du coup je vais peut-être en rajouter.
Du blablabla, encore :
De l'histoire, du mystère, un peu de fantastique, miam !
Ca fait plus d'un an, et je crois que j'en suis toujours pas remise de celui-là.
J'aime bien cet instant entre deux fêtes. Pile celle où on est. Noël vient de passer, on sait que le Nouvel An approche, on est dans une attente fébrile de pouvoir se bourrer la gueule sans complexe (moi, surtout, parce que je viens de découvrir le goût paradisiaque du Sauternes !) et la semaine passe sans qu'on la voit.
Alors quoi de mieux qu'un bon livre pour marquer cette petite période de façon plus prononcée ?
Editeur : Pocket
Parution : 2013
Pages : 691
Résumé :
Un labyrinthe qui cache un secret, une conteuse victorienne dont l'oeuvre a disparu, trois générations de femmes unies par une même histoire… En 1913, sur le port de Brisbane, en Australie, une petite fille de quatre ans est retrouvée abandonnée sur un bateau arrivant d'Angleterre, avec pour tout bagage une valise contenant quelques vêtements et un superbe livre de contes de fées. Recueillie par un couple, elle n'apprend son adoption que le jour de son vingt et unième anniversaire. Des années plus tard, Nell décide de partir à la recherche de son passé, en Cornouailles, au domaine de Blackhurst. À sa mort, sa petite-fille Cassandra poursuit cette quête et se rend à son tour en Angleterre afin de percer les secrets du domaine…
Ode au pouvoir de l'imaginaire. Voilà. Techniquement je pourrais arrêter la chronique ici.
Kate Morton a un don incroyable pour nous livrer des histoires prenantes, mystérieuses, empreintes de mysticisme, matinées d'un peu de fantastique, d'historique, et surtout d'un gros secret.
C'est le deuxième livre que je lis d'elle et je ne suis pas déçue. Je ne me souviens pas exactement pourquoi je n'ai pas mis de coup de cœur sur "Les heures lointaines", et j'ai un peu la flemme de relire la chronique (j'ai la gueule de bois en même temps) donc ce sera à vous de me dire, mais là si je ne le mets pas c'est parce que je n'ai pas pu m'empêcher de trouver quelques grosses similitudes entre les deux bouquins.
Nous suivons plusieurs femmes à travers les époques : Eliza en 1900, Nell en 1975 et Cassandra en 2005, toutes trois liées par quelque chose de très fort, presque une tragédie, et des désirs communs, entre l'écriture, la recherche de la vérité et des origines, et la peinture. Toutes les trois sont des créatrices, des artistes, brutalisées, presque traumatisées par la vie, mais qui se battent tout de même. En cela, les figures qu'elles incarnent sont fortes quoiqu'un peu stéréotypées. Je dois reconnaître que l'auteure passait parfois tellement vite de l'une de ces femmes à une autre que j'ai eu du mal, au début, à me lier à l'une d'elle, je trouvais qu'elles manquaient de profondeur. Puis après je me suis souvenue que j'avais plus ou moins ressenti la même chose avec "Les heures lointaines" et, comme je le pensais, ça s'est arrangé après quelques pages. Finalement, je les ai trouvées géniales, et Cassandra en particulier.
Mais le gros point qui m'a, je l'avoue, un peu fait grincer des dents, c'est le fameux domaine de Blackhurst, château sombre noyé par les états d'âme de ses occupants à la limite de la dépression. Ca m'a énormément rappelé Milderhust, grand manoir inquiétant, étouffant, qui donnait tout le ton fantastique dans "Les heures lointaines". Les deux sont très semblables, la façon dont l'auteure se sert d'eux comme des personnages parfois à part entière aussi. Franchement, ça a un peu gâché ma lecture, parce que je pouvais pas m'empêcher de me dire parfois qu'elle les avait construit sur le même modèle. Je ne sais pas trop pourquoi ça m'a gêné, mais ça m'a gêné !
Heureusement, la force du récit, du mystère, et le poids des mots ont tout rattrapé. J'ai été happée de la même façon et par les mêmes choses qu'à ma lecture des "Heures lointaines". Je ne saurai pas l'expliquer, mais la densité de l'histoire et la complexité historique me tenaient totalement. L'époque de la fin du XIXème siècle m'a toujours beaucoup plu, et le fait que ça se passe ici quasiment en huis-clos donnait un aspect nouveau pour moi. Les chamboulements et changements semblent loin dans Blackhurst dont les habitants vivent presque repliés, en autarcie. Mais, c'est bien connu, on est toujours rattrapé par son époque.
Plus simplement, je pense que le style de l'auteure me convient totalement. Elle prend son temps, on danse d'un protagoniste et d'un flashback à l'autre, et j'aime faire preuve de patience avec elle, ses personnages, et les secrets qu'elle veut nous livrer. J'ai hâte de lire un prochain livre d'elle !
D'autres avis sur
Livre lu dans le cadre du Cold Winter Challenge !
Il est là :
CWC, 3ème !!
La Servante Ecarlate, tu connais ?
J'ai regardé d'une traite les deux saisons de cette série il y a quelques mois. Une fois fini le dernier épisode, j'étais persuadée d'en écrire une chronique tant ce truc m'a foutu un coup. Quelques jours sont finalement passés sans que je fasse rien, ce qui m'a fait comprendre que j'étais sans doute trop tourneboulée pour produire quelque chose de cohérent, du coup j'ai hésité avant de me dire que j'en serais jamais capable.
Puis aujourd'hui, sans le voir venir, voilà que je me lance dans cet article. A mon avis, ça va être un gros bordel !
Je crois que le problème vient du fait que j'ai tenté de construire cette chronique exactement comme celles que j'écris pour les dramas que je regarde. Avec un résumé de l'histoire, une brève présentation des personnages et des acteurs, ensuite mon ressenti à coup de ce qui m'a plu et m'a déçu. Du coup j'y arrivais pas. Parce que je ne peux pas parler de "La servante écarlate" comme du reste, c'est impossible. C'est trop indéfinissable, unique, puissant, on ne peut pas le transformer en quelque chose de normal. Parce que ce truc n'est pas normal.
Je vais tenter d'y aller par étape, cette fois.
J'ai lu le bouquin, avant. Et si cette lecture m'avait déjà bien choquée, j'avais été quelque peu déçue par la fin et le personnage soumis, effacé, de Defred. Pour moi, l'auteur n'avait fait qu'effleurer, proposer, un univers hyper intéressant, effrayant, sans aller plus loin. La série a donc osé à sa place et développé tout ce que Margaret Atwood avait laissé en suspens.
La saison 1 relate tout le livre, avec une fin tout à fait identique mais est déjà nettement plus détaillée car Defred n'est pas la seule à prendre la parole, ce qui élargit considérablement l'univers, avec des flashbacks explicatifs qui nous aide à mieux comprendre et des points de vue qui nous plonge directement dans l'envers du décor. Les connards du livre en arriveraient presque à devenir sympathiques. Presque.
La saison 2, quant à elle, prend directement la suite, là où le livre s'est arrêté. Et c'est devenu bien plus intéressant pour moi car j'avais senti un désir de révolte de la part de Defred et je voulais voir ce qu'elle allait faire pour se battre, et surtout de quelle façon.
Si j'ai été totalement attrapée par cette adaptation, c'est parce qu'elle est extraordinairement fidèle au livre. Ce qui m'a le plus plu dans le récit publié en 1985, c'est l'univers étouffant et angoissant sans cesse maintenu par l'auteure. Il est difficile d'y voir une lueur d'espoir. Tout ça est fidèlement retranscrit à l'écran, tous les costumes, les décors, jusqu'à l'esthétique même et la façon dont c'est filmé. On plonge directement dans l'angoisse de Defred qui hésite entre lutter malgré la souffrance ou abandonner. Les couleurs sont froides, dures, ternes le plus souvent, contrebalancées par la tenue rouge des Servantes. Une autre façon sans doute de nous montrer, subtilement, les violences qu'elles subissent.
Mais parfois, c'est loin d'être subtil. Il m'est arrivé d'être incapable de regarder un épisode sans couper. Les viols sont cliniques. La majorité des femmes se sont résignées, et ça m'a foutu un malaise énorme ! Ce qui rend tout ça encore plus réel, ce sont les points de vues des autres personnages, de ceux qui ont créé la République de Gilead. Leurs voix nous apportent des réponses que le livre avait écartées, par des retours en arrière très bien dosés on apprend comment tout ça est arrivé. Et ça fout la trouille. Parce que cette dystopie, décrite souvent comme de la science-fiction, n'est pas si éloignée de la réalité. C'est glaçant parce qu'on ne peut pas s'empêcher de penser que tout ça est réalisable, et qu'on en est même carrément pas loin !!
Alors évidemment on se dit forcément que, autant le livre que la série, sont un cri de révolte, féministes, et tout ce que vous voulez. Mais pas totalement, selon moi, parce que les hommes, la masculinité, bref le sexe masculin, en prend aussi pour son grade. Certains hommes sont tout aussi esclavagés que les femmes, car si certains ne sont pas d'assez haut rang, il leur sera interdit toute leur vie d'avoir une femme et des enfants. En fait, rien n'est inventé. L'auteure, et ensuite les réalisateurs et scénaristes, se sont nourris de tout ce qu'il s'est passé dans l'Histoire (droit à l'avortement, droit de vote, toussa) C'est sans doute pour ça que ça nous paraît si réel.
J'en dirais pas plus, sauf pour évoquer quand même un peu les acteurs. Ils sont tous parfaits. Ils ont tous su s'approprier leurs personnages et les faire évoluer dans cet univers pas si facile. Elisabeth Moss, qui incarne Defred, est évidemment celle qui m'a le plus bluffée tant elle retranscrit magnifiquement chaque émotion, en arrivant à chaque fois à nous foutre le frisson.
Je ne peux pas terminer sans parler de l'espoir. Il y en a nettement plus que dans le livre. Il est là, omniprésent, il n'abandonne jamais les personnages. La révolte gronde, enfle chez les Servantes, et le moment où elles se battront bel et bien pour reprendre leur liberté va à mon avis faire très mal. C'est un véritable exploit d'avoir réussi à le laisser grandir dans une série avec une telle esthétique sombre et pâle à la fois. C'est un coup de cœur, et un chef d'œuvre. J'ai hâte de voir arriver la saison 3.
Et vous, vous l'avez vu ? Dites-moi l'effet qu'elle vous a fait !