02/12/2018

Nan. Moui. Naaaaaan. Et pourquoi pas ? Finalement, ce sera un oui.

J'ai regardé d'une traite les deux saisons de cette série il y a quelques mois. Une fois fini le dernier épisode, j'étais persuadée d'en écrire une chronique tant ce truc m'a foutu un coup. Quelques jours sont finalement passés sans que je fasse rien, ce qui m'a fait comprendre que j'étais sans doute trop tourneboulée pour produire quelque chose de cohérent, du coup j'ai hésité avant de me dire que j'en serais jamais capable.

Puis aujourd'hui, sans le voir venir, voilà que je me lance dans cet article. A mon avis, ça va être un gros bordel !

Je crois que le problème vient du fait que j'ai tenté de construire cette chronique exactement comme celles que j'écris pour les dramas que je regarde. Avec un résumé de l'histoire, une brève présentation des personnages et des acteurs, ensuite mon ressenti à coup de ce qui m'a plu et m'a déçu. Du coup j'y arrivais pas. Parce que je ne peux pas parler de "La servante écarlate" comme du reste, c'est impossible. C'est trop indéfinissable, unique, puissant, on ne peut pas le transformer en quelque chose de normal. Parce que ce truc n'est pas normal.

Je vais tenter d'y aller par étape, cette fois.


J'ai lu le bouquin, avant. Et si cette lecture m'avait déjà bien choquée, j'avais été quelque peu déçue par la fin et le personnage soumis, effacé, de Defred. Pour moi, l'auteur n'avait fait qu'effleurer, proposer, un univers hyper intéressant, effrayant, sans aller plus loin. La série a donc osé à sa place et développé tout ce que Margaret Atwood avait laissé en suspens.




La saison 1 relate tout le livre, avec une fin tout à fait identique mais est déjà nettement plus détaillée car Defred n'est pas la seule à prendre la parole, ce qui élargit considérablement l'univers, avec des flashbacks explicatifs qui nous aide à mieux comprendre et des points de vue qui nous plonge directement dans l'envers du décor. Les connards du livre en arriveraient presque à devenir sympathiques. Presque.

La saison 2, quant à elle, prend directement la suite, là où le livre s'est arrêté. Et c'est devenu bien plus intéressant pour moi car j'avais senti un désir de révolte de la part de Defred et je voulais voir ce qu'elle allait faire pour se battre, et surtout de quelle façon.

Si j'ai été totalement attrapée par cette adaptation, c'est parce qu'elle est extraordinairement fidèle au livre. Ce qui m'a le plus plu dans le récit publié en 1985, c'est l'univers étouffant et angoissant sans cesse maintenu par l'auteure. Il est difficile d'y voir une lueur d'espoir. Tout ça est fidèlement retranscrit à l'écran, tous les costumes, les décors, jusqu'à l'esthétique même et la façon dont c'est filmé. On plonge directement dans l'angoisse de Defred qui hésite entre lutter malgré la souffrance ou abandonner. Les couleurs sont froides, dures, ternes le plus souvent, contrebalancées par la tenue rouge des Servantes. Une autre façon sans doute de nous montrer, subtilement, les violences qu'elles subissent.

Mais parfois, c'est loin d'être subtil. Il m'est arrivé d'être incapable de regarder un épisode sans couper. Les viols sont cliniques. La majorité des femmes se sont résignées, et ça m'a foutu un malaise énorme ! Ce qui rend tout ça encore plus réel, ce sont les points de vues des autres personnages, de ceux qui ont créé la République de Gilead. Leurs voix nous apportent des réponses que le livre avait écartées, par des retours en arrière très bien dosés on apprend comment tout ça est arrivé. Et ça fout la trouille. Parce que cette dystopie, décrite souvent comme de la science-fiction, n'est pas si éloignée de la réalité. C'est glaçant parce qu'on ne peut pas s'empêcher de penser que tout ça est réalisable, et qu'on en est même carrément pas loin !!

Alors évidemment on se dit forcément que, autant le livre que la série, sont un cri de révolte, féministes, et tout ce que vous voulez. Mais pas totalement, selon moi, parce que les hommes, la masculinité, bref le sexe masculin, en prend aussi pour son grade. Certains hommes sont tout aussi esclavagés que les femmes, car si certains ne sont pas d'assez haut rang, il leur sera interdit toute leur vie d'avoir une femme et des enfants. En fait, rien n'est inventé. L'auteure, et ensuite les réalisateurs et scénaristes, se sont nourris de tout ce qu'il s'est passé dans l'Histoire (droit à l'avortement, droit de vote, toussa) C'est sans doute pour ça que ça nous paraît si réel.

J'en dirais pas plus, sauf pour évoquer quand même un peu les acteurs. Ils sont tous parfaits. Ils ont tous su s'approprier leurs personnages et les faire évoluer dans cet univers pas si facile. Elisabeth Moss, qui incarne Defred, est évidemment celle qui m'a le plus bluffée tant elle retranscrit magnifiquement chaque émotion, en arrivant à chaque fois à nous foutre le frisson.

Je ne peux pas terminer sans parler de l'espoir. Il y en a nettement plus que dans le livre. Il est là, omniprésent, il n'abandonne jamais les personnages. La révolte gronde, enfle chez les Servantes, et le moment où elles se battront bel et bien pour reprendre leur liberté va à mon avis faire très mal. C'est un véritable exploit d'avoir réussi à le laisser grandir dans une série avec une telle esthétique sombre et pâle à la fois. C'est un coup de cœur, et un chef d'œuvre. J'ai hâte de voir arriver la saison 3.

Et vous, vous l'avez vu ? Dites-moi l'effet qu'elle vous a fait !



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