24/11/2019

Ne demandez jamais à un pirate de choisir entre son perroquet (sans jeu de mots) et sa jambe de bois (ouais bon si, OK, y'en a un)

Un Challenge qui, ma foi, se déroule très bien, et qui en plus me fait réaliser que j’adore les livres dans lesquels il est question de pirates !

Alors à l’abordage moussaillons, sortez vos jambes de bois et n’oubliez pas votre perroquet bavard, c’est l’heure d’hisser nos couleurs.

Éditeur : Livre de Poche
Parution : avril 1972
Pages : 219
Résumé :
Depuis l’Odyssée, aucun récit d’aventures n’eut plus de succès que l’Île au Trésor. Jim Hawkins et le terrible John Silver, l’homme à la jambe de bois, sont les héros de cette histoire. L’Hispaniola débarque sur l’île au Trésor les « bons » et les « méchants ». Dès lors, une lutte implacable se déroule pour retrouver le trésir amassé par Flint, redoutable pirate mort sans avoir livré son secret.






On dit de lui que c’est un « classique ». Personnellement, même si je sais ce que ce terme désigne, j’ai toujours eu du mal à le définir. Grâce à l’Île au Trésor, aujourd’hui j’y arrive. Enfin, un peu.

À l’époque où il a été écrit, il était destiné aux enfants. C’était au XIXème siècle. Aujourd’hui, clairement, il plaira davantage aux adultes. Disons qu’il est toujours à destination des adolescents, mais ces derniers seraient aujourd’hui incapables d’en apprécier toute la portée. Moi je suis plutôt contente d’avoir attendu pour le lire, je suis presque sûre qu’il m’aurait beaucoup moins plu quand j’étais jeune.

Toute la narration se fait du point de vue de Jim Hawkins qui est un garçon à l’âge indéfini (personnellement je le situe autour d’une douzaine d’années) très rusé, mature et courageux. Il a toutes les qualités du parfait jeune héros à qui tous les garçons peuvent s’identifier. Ainsi que les petites filles aussi, pourquoi pas bordel ! Quand il raconte son aventure il le fait en se focalisant sur l’essentiel, sur l’action. Le récit est donc très dynamique, il n’y a pas de temps mort quand c’est Jim qui tient la barre et cela en fait un parfait roman de piraterie et de quête. Si, au fil de l’aventure, ce petit gars l’emporte sur tout et sur tous, c’est qu’il possède l’imagination et l’innocence qui peuvent pulvériser les obstacles (et ça m’a donné envie de redevenir gosse, putain)

Il y a toutefois une petite partie où l’un des autres personnages prend la parole, c’est un adulte et son récit est plus dans l’analyse, c’est un peu plus ennuyeux mais ça se concentre davantage sur la psychologie des personnages et c’est finalement très intéressant. Ça m’a permis de me rendre compte que si, au premier abord, il semble y avoir le camp des gentils d’un côté et celui des méchants de l’autre, en réalité c’est bien plus complexe. Il peut y avoir tellement d’inattendues complicités entre chaque protagoniste qu’on s’y perd. L’auteur a pris soin de certes construire son roman comme une quête initiatique pleine de rêve et de fantasmagorie mais il n’en est pas moins resté réaliste. Dans l’adversité, les relations se font et se défont au gré des événements et des séductions.

Mais s’il y a bien un personnage parmi touts ceux-ci qui mérite d’être mentionné, c’est l’île elle-même. Elle y tient un rôle central et fortement symbolique. Elle présente d’abord tous les traits de l’endroit rêvé et utopique avant de finalement se révéler plus sombre dès lors que les hommes s’y perdent, comme si elle était contaminée par la noirceur des pensées pleines d’avarice des adultes. Un cadre donc idéal au combat essentiel que se livrent ce monde des adultes et celui de l’enfance (sous les traits de Jim Hawkins et de Long John Silver) En cela, elle m’a beaucoup rappelé le Pays Imaginaire de Peter Pan (les sirènes chelous en moins)

On tire une vraiment grande leçon de cette lecture. C’est un livre à mettre entre toutes les mains et les pieds. Pas de chichi.

13/11/2019

Zimzalabim !!

Bordel, je viens de me rendre compte que les chroniques de S-F étaient si rares ici qu'elles se comptaient sur les doigts d'une main !
En plus je triche, celle de The Expanse je la met à jour dès que je lis un bouquin… une chronique pour 6 livres lus, nan mais tu parles d'une feinéasse.

Assez parlé, place à l'action !

Éditeur : Pocket
Parution : 2016
Pages : 704

Résumé :
2202. Né des cendres d’une conflagration planétaire, l’Empire Chrétien Moderne règne sur une Terre ravagée et irradiée. Urbain IX, pape tout puissant, contraint les populations à vivre selon un mode de vie médiéval, restaurant ainsi le Dominium Mundi. Sous son impulsion, un vaisseau colonisateur est envoyé vers Alpha du Centaure, dans l’espoir d’y trouver de nouveaux territoires pour l’humanité. Lorsque les passagers abordent une planète et son peuple, les Atamides, le choc est grand. Mais ce n’est rien en comparaison d’une découverte encore plus bouleversante : le véritable tombeau du Christ ! Guidés par leur foi inébranlable, les missionnaires tentent de s’en emparer, en vain. Les indigènes les massacrent. Sur Terre, la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. Deux ans plus tard Urbain IX achève d’armer un gigantesque vaisseau, le St-Michel, capable d’abriter un million d’hommes. Pour Tancrède de Tarente, le Méta-guerrier héros des champs de bataille, et Albéric Villejust, le génie de l’Infocosme enrôlé de force, débutera une Croisade sanglante vers une nouvelle Jérusalem… Les événements feront-ils bégayer l’Histoire ?

Même si ce roman est très clairement un space opera dans le genre de la S-F l’auteur s’amuse à flirter avec le genre chevaleresque du Moyen-Âge, et c’est bon ! Par de nombreux aspects il m’a rappelé la saga des Rois Maudits de Druon, il y a comme un désir de revanche dans ce texte face à l’idéologie parfois extrémiste de la région (au sens large j’entends, pas seulement la chrétienté même si c’est d’elle dont il est question ici)

Rien que le mot de « Dominium Mundi » par exemple, est un concept qui remonte au Moyen-Âge, en gros c’est l’extension du monde chrétien sur le modèle de l’empire romain, sauf que là l’extension elle se fait carrément dans l’espace et même hors du système solaire. L’auteur a admirablement bien mêlé les deux genres (trois même parfois je dirai, mais je vais y revenir) : l’historique et la S-F.

Le pouvoir du Vatican est tout puissant en ce début de XXIIIè siècle, même si les détails sont minimes dans le texte et livrés par petites touches on devine qu’il contrôle la presque totalité du globe. Les quelques poches de résistances disséminées par-ci par-là sur la planète se font littéralement pourchasser, harceler et broyer par les soldats surentraînés de l’Église, comparables aux Croisés de l’époque Moyen-Âgeuse.

Ce sont justement ces soldats qui vont être envoyés sur Akya, l’une des premières planètes à avoir fait les frais du Dominium Mundi. D’accord, le pape Tout-Puissant entend bien propager la bonne parole de Dieu dans toute la galaxie (un peu ouf le gars, non ?) mais il n’avait pas pensé une seule seconde rencontrer de la résistance (c’est le propre des gens trop sûrs d’eux). Les habitants d’Akya, appelés les Atamides, ne se sont pas laissés faire et les rapports disent tous que toute la colonie envoyée sur la planète a été littéralement décimée. Si le Pape insiste pour prendre le contrôle de ce gros caillou lointain à première vue inhabitable (je vous jure, y’a plus accueillant comme endroit !) c’est tout simplement parce que les colons, avant de se faire écrabouiller, ont eu le temps d’envoyer des images pour le moins troublantes : le tombeau du Christ. Sur une planète à des années-lumières de la Terre. Rien que ça.

L’idée en elle-même est juste géniale, et il se trouve que les croisades sont l’une des parties de notre Histoire que je préfère, alors coupler ça à de la S-F, qui est un style que j’adore, j’ai sauté dessus.

J’avais qu’une envie : que les Croisés débarquent sur Akya, trouvent le tombeau, et que tout explose. Ah bah oui, comment voulez-vous que les croyances persistent après ce genre de découverte ? Bon en vrai l’auteur a trouvé la combine, et ça relève limite du génie, mais j’avais justement envie de voir comme il allait se débrouiller avec tout ça.

Et ça c’est pas du tout passé comme je m’y attendais. Parce que ce livre en fait ce n’est que le premier tome et toute l’intrigue se passe à bord du Saint-Michel, merveille de technologie, vaisseau immense dont la mission est d’emmener un millier de soldats pour répandre la bonne parole de Christ (entendez par là : le sang et la mort bien sûr, comme quoi les choses ne changent jamais vraiment même à 1000 ans d’intervalle)

Au début je voyais pas trop où l’auteur voulait en venir alors que le cœur de l’histoire semble être, de par le résumé surtout, la rencontre entre les soldats de la chrétienté et les Atamides. Et c’est là que j’en viens au troisième genre de ce roman : la politique fiction. À travers les yeux de personnages à la psychologie complexe et bouleversée par la situation l’auteur va mettre à mal ce qui nous semblait à nous lecteur être une puissance stable et sûre : l’Église elle-même.

Au cours de ce voyage à travers les étoiles les personnages centraux : Tancrède de Tarente, l’un des soldats les plus fameux de cette croisade, Méta-Guerrier aux réflexes surhumains, et Albéric Villejust (pour qui j’ai eu un petit faible), enrôlé de force et pas très fervent croyant, vont se retrouver à mener des enquêtes pour tenter de déterrer un complot. Tancrède étant un soldat, il va devoir lutter contre sa propre rigidité d’esprit (il a suivi un entraînement inhumain et a donc été très violemment conditionné) et en ça il m’a beaucoup touchée même si je l’ai trouvé un peu caricatural malgré moi. Surtout vers la fin, j’avoue, suite à sa rencontre avec un personnage féminin… OK, de la romance n’était pas de trop dans ce récit complexe parce que ça m’a fait respirer un peu c’était une bonne idée, mais l’auteur a utilisé beaucoup trop de clichée pour ça. À croire qu’il a rajouté ça à la dernière minute. Bon, je suis pas très bon public en ce qui concerne la romance à la base, c’est vrai. En plus la nana je l’ai pas aimée.

Bref ! Pourquoi, malgré cette légère déception, alors que je voulais tant voir la rencontre entre humains et Atamides, j’ai tant aimé ce roman ? Parce que l’intrigue secondaire, c’est du polar, de l’enquête, et un putain de bon suspens dont les révélations, les rebondissements et les questionnements sont distillés au fur et à mesure avec beaucoup de brio. Que se passe-t-il exactement ?

Ça tue sur le Saint-Michel, et de façon plutôt violente. Meurtre horrible, disparitions discrètes qui personne ne remarque, manipulation de l’information, tout ça contribue à éveiller les soupçons chez Tancrède, et ça nous amène à comprendre que malgré sa droiture et sa foi évidente, il n’en est pas pour autant aveuglé, c’est un être humain qui réfléchit. Il est plein de questionnement, de doutes et a une grande soif de comprendre. J’aime beaucoup son état d’esprit, son caractère et sa droiture également. Un conflit moral va évidemment très vite le torturer et ça l’a rendu encore plus intéressant.

Mais j’ai quand même préféré Albéric, parce qu’il évolue d’une façon qui me plait d’avantage. Tancrède change, évolue énormément lui aussi, mais il passe d’un personnage relativement sûr de lui, fort, à quelqu’un de bien trop déboussolé, perdu sur la fin, qui va préférer la solution de facilité pour apaiser son esprit. Albéric, à l’inverse (et ces deux personnages diamétralement opposés ont une super dynamique ensemble !) passe de quelqu’un de timide et effacé à quelqu’un de combatif qui n’hésite plus à prendre des décisions.

Autour d’eux gravitent des personnages secondaires géniaux, comme les frères Tournai dont j’ai aimé les joutes verbales, sans compter qu’ils sont comme le jour et la nuit eux aussi, et Vivianne, l’un des seuls personnages féminins qui en vaut la peine. Les antagonistes aussi valent le détour, notamment Robert de Montgomery que j’ai bien aimé pour son côté pitoyable autant que dangereux.

La chose dont j’avais un peu peur honnêtement, vu le sujet, le genre et la longueur du bouquin, c’est que l’auteur en ait fait des caisses avec les descriptions (c’est une erreur que j’ai pas pu m’empêcher de remarquer chez les auteurs de fantasy et S-F d’aujourd’hui) fort heureusement le bonhomme, scénariste pour les films, les BD et les jeux vidéo, connait bien son boulot. Il nous donne finalement peu de détails, en tout cas c’est juste ce qu’il faut pour nous donner de bonnes premières directives et nous permettre d’imaginer le reste tout seul comme des grands. Il ne nous prend clairement pas pour des bébés à qui il doit tenir la main.

Vous me connaissez, j’accorde beaucoup d’importance à la fin. Et là, je n’ai qu’une chose à dire :

Putain, l’enfoiré !

Il m’a laissé là, à la dernière page, comme une abrutie ! Après des mois de voyage interstellaire passé dans le Saint-Michel à regarder Tancrède être déchiré entre sa foi chrétienne et ses certitudes, et Albéric cherchant la vérité et se révoltant contre la condition de tous ceux qui, comme lui, furent contraint par la force de participer à cette croisade, je me retrouve comme une imbécile qui comprend parfaitement qu’elle a été super bien bernée.

Parce que l’histoire s’arrête pile au moment où les croisés débarquent enfin sur Akya.

Du coup, vous savez quoi ?

Je vais devoir m’acheter le tome 2, et fissa !

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8 mois plus tard...
Et je jure sur notre galaxie, j'avais rien oublié !

Éditeur : Pocket
Parution : 2016
Pages : 960

Résumé :
2205. C’est le débarquement. Les troupes de l’Empire Chrétien Moderne se déploient dans les plaines arides d’Akya du Centaure.

À l’arrière, Albéric Villejust organise la rébellion qui gronde parmi les inermes.

De leur côté, Tancrède de Tarente et Clorinde ont retrouvé l’amour, une foi inébranlable, et comptent mener à bien leur mission, au nom du tout-puissant Pape Urbain IX. En tant que méta-guerriers, la prise de l’ultime tombeau du Christ repose en grande partie sur leurs épaules.

Mais sous l’implacable soleil centaurien, rien n’est gravé dans le marbre. Alors que les rebelles se cachent et s’organisent dans le désert, que les Atamides se révèlent plus dangereux que prévu, les luttes de pouvoir s'intensifient et des forces nouvelles s’agitent dans l’ombre. De ces zones obscures dépendront l’avenir d’Akya, des nouveaux Croisés et, à plus grande échelle, de peuples entiers…


Ah ! Que voilà une aventure que j’étais ravie de reprendre !

Dans le tome 1, même si j’avais adoré l’histoire et ce huis-clos géant se déroulant dans cet énorme vaisseau spatial, j’étais restée quelque peu sur ma faim en tournant la dernière page tant j’avais hâte de voir les croisés débarquer sur Akya. Faut dire aussi que l’auteur, dès le début du livre, nous rabâchait sans cesse que c’était l’unique but de toute cette histoire : les croisades, menées sur une autre planète.

Avec le tome 2, nous y voilà enfin ! Et l’auteur enfonce les clous en défonçant royalement tous les beaux principes de la chrétienté (si si, ils les défoncent !) en faisant passer tous les croyants de cette aventure pour des fanatiques religieux ultra-violent et idiots.

Alors. Ça peut paraître négatif dit comme ça mais ça ne l’est pas. Du moins, pas totalement. Durant ma lecture, j’étais, je le reconnais, un peu déçue de cette méthode, je me disais que s’il voulait à ce point mettre à mal les dogmes et l’aveuglement extrême de certaines religions, il aurait pu le faire de façon plus subtile. Finalement, quelques jours après avoir terminé ma lecture, j’ai réalisé que ce choix était judicieux au regard du style narratif et du genre. Oui, d’accord, il dénonce à la façon d’un homme qui veut vraiment faire passer tous les croyants pour des ignares aveugles, mais au moins comme ça le message passe, sans compter qu’il ne faut pas oublier qu’on est avant tout dans un livre de science-fiction et d’aventure. Pour répondre au mieux aux codes du genre, il faut donc de l’action, de la baston, des extra-terrestres et tout et tout (attention, je ne dis pas que TOUS les livres de SF devraient être comme ça, je dis juste qu’il s’agit des codes les plus connus du genre)

Et croyez-moi que des combats, il va y en avoir !

D’ailleurs, au début ce n’est que ça : humains VS Atamides. Une vraie boucherie. Je me demandais où l’auteur voulait en venir et s’il n’y allait pas un peu fort. Puis j’ai finalement compris vers quoi il nous menait.

Dans le tome 1, Tancrède de Tarente était l’un de mes personnages préférés. J’avais beaucoup aimé sa sensibilité malgré son image d’homme de guerre même s’il m’agaçait un peu parfois à ne pas prendre clairement de décision. Dans la suite j’ai malheureusement été un peu déçue. Non pas du personnage lui-même, il est toujours très bien au regard de ce qui lui arrive, mais à cause de la façon dont l’auteur à déroulé les choses pour lui. En toute honnêteté, j’ai trouvé que ça manquait d’originalité, et quand c’est développé dans un tel manichéisme ça a tendance à m’agacer.

Désolée, M’sieur Baranger, mais les choses ne sont en réalité pas comme vous les décrivez : non, il n’y a pas le blanc d’un côté et le noir de l’autre ; le bien VS le mal. Parfois, souvent même d’ailleurs, il y a du gris et un entre deux indécis.

Un peu plus positif maintenant : Albéric Villejust, le second personnage le plus important de cette histoire, et celui que j’avais préféré dans le tome 1, reste ici celui que j’aime le plus. Je l’apprécie même davantage.

Les quelques défauts que je lui reprochais auparavant ont disparu, il change énormément et devient un homme qui n’a plus autant peur qu’avant de prendre les décisions. Il s’affirme et j’aime beaucoup cette nouvelle image de lui, plus téméraire. Son intelligence et sa sensibilité en font quelqu’un de vraiment à part parmi tous les autres protagonistes.

Pour ce qui est des Atamides, là j’applaudis franchement l’auteur. Ce peuple extra-terrestre ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà rencontré dans les nombreux livres de SF que j’ai lu jusqu’à présent, il a fait preuve d’une très grande originalité. J’ai beaucoup aimé découvrir leur culture, leurs coutumes et même leur particularité biologique (ou biochimique…) dont je ne peux pas trop parler ici sous peine de spoiler.

Quant au rythme du récit, il était vraiment en dent de scie. Commencer par tant d’action pour finalement sombrer dans de lentes et longues descriptions dont certaines étaient ennuyeuses sinon inutiles était assez mal géré. À la place de tout ça j’aurais apprécié qu’il nous en dise un peu plus sur la faune et la flore d’Akya par exemple. Même si nous avons eu un très bel aperçu de ce que pouvait être un « tigre-roche », le seul petit moment qui lui est consacré n’a pas étanché ma soif de savoir et mon indécrottable curiosité.

Pour ce qui est de la fin, je dois reconnaître qu’à elle toute seule elle rattrape les quelques petits points négatifs que j’ai relevé. L’auteur a eu une riche idée (quoi qu’un peu tiré par les cheveux, mais pourquoi pas !) et a su admirablement bien la développer. Sans compter que je ne m’attendais pas du tout à ce que le Saint-Michel, le vaisseau qui les a menés de la Terre à Akya, ait à nouveau son utilité. 

Et pour ce qui est de l’histoire d’amour entre Tancrède et Clorinde, alors ? Bah elle m’a tellement peu intéressée que j’ai pas grand-chose à en dire, si ce n’est que j’aime plutôt bien comment ça fini entre eux, voilà !

Bref, du bien, du moins bien et du très bien pour ce livre, ce qui nous donne un diptyque ma foi fort génial ! Si vous êtes féru de science-fiction qui sort de l’ordinaire tout en restant sur les rails des codes du genre, ne passez pas à côté !

Mes autres chroniques de S-F :

14/09/2019

Une fois n'est pas coutume.


Première lecture du Pumpkin Autumn Challenge, une chronique. Ca démarre plutôt bien !

Éditeur : Auto-édition/Amazon
Pages : 200
Parution : mai 2019

Résumé :
Un peu d'Histoire, une pointe d'actualité, un soupçon d'observation... À travers ce recueil de nouvelles, redécouvrez le monde qui nous entoure : la nature, les animaux, les sujets forts de notre temps, mais aussi un peu du temps passé et des temps à venir.
Diane Bonot-Laxar vous invite à pénétrer dans son univers fait de petits riens, des bonheurs simples de la vie, des évènements les plus importants aux choses les plus insignifiantes.



Ça faisait très longtemps que j’avais pas lu de nouvelles (des années je crois bien). C’est pas que j’aime pas ça, c’est simplement que spontanément je vais me diriger vers les romans, des histoires avec lesquelles je peux passer des heures et mes lier longtemps aux personnages. Bah vous savez quoi ? L’auteure a réussi à me rendre ses protagonistes hyper attachants, tous sans exception, avec des histoires ne durant, pour certaines, qu’une page ou deux. Je me souviens encore de quelques-uns d’entre eux.

Attention : Talent !

L’auteure touche à tout, vraiment. Il y a dans ce recueil de l’onirique, de la romance, du fantastique, de l’historique, un peu de polar aussi (si si, j’en ai vu !) bref, il y en a pour tous les goûts ! Mais quelque chose ne change pas : la surprise qu’elle nous réserve toujours à la fin ! Je me vente souvent de m’être lassée du style policier (alors que je ne lisais que ça étant ado) parce que j’arrive presque toujours à deviner la fin très facilement (qui est l’assassin, le mobile, toussa) et honnêtement la seule qui arrive encore à me surprendre dans ce style, c’est Karine Giebel. Ici, chaque fois qu’une histoire terminait, j’étais étonnée. Le fait que les récits soient vraiment très courts aide l’auteure à garder la maîtrise de la chute, indéniablement, car le lecteur n’a vraiment pas le temps de tout analyser, de déduire, et il ne comprend vraiment qu’au dernier mot qu’il a été berné. Le plus souvent, les fins me faisaient rire, car l’auteure sait foutrement bien rebondir pour changer de direction et transformer une nouvelle qu’on pensait dramatique en quelque chose de bien plus léger et humoristique. Mais il y avait aussi parfois beaucoup d’émotion et j’ai été aussi très souvent attendrie.

Vous l’aurez compris, ce texte au complet est un véritable ascenseur émotionnel.

Pour certaines nouvelles j’ai véritablement eu de gros coup de cœur et je les ai relues plusieurs fois tant elles m’ont fait rêver.

Le second point qui m’a absolument transportée, c’est l’écriture. L’auteure joue avec les mots comme elle joue avec nos émotions, avec beaucoup de subtilité, de contrôle et de détournement. J’ai été franchement surprise et c’est surtout à la fin qu’elle nous montre toute l’étendue de ce qu’elle sait faire, avec une conclusion superbe faite de prose, de rime, d’autodérision. Elle a osé quelque chose, elle a foutrement bien réussi, ça m’a beaucoup plu.

Je ne peux que vous conseiller de la découvrir pour rêver, rire et vous émouvoir. Moi j’applaudis, et j’espère qu’elle publiera encore !

11/09/2019

Moi je dis une hache c'est un bon compromis entre le marteau et l'épée ! ... Putain, fallait vraiment y penser à celle-la.

Ah mais non, je ne l'ai pas volée ! Je l'ai transférée, nuance. Chronique auparavant écrite pour un autre site, je me permets de la rapatriée ici.

De quoi ça parle ? D'un guerrier bourru, d'une hache, d'une guerre. Et c'est signé Gemmell.

Éditeur : Milady
Parution : 2010
Pages : 512

Résumé :
Son nom est Druss. Garçon violent et maladroit, il vit dans un petit village de paysans situé au pied des montagnes du pays drenaï. Bûcheron hargneux le jour, époux tendre le soir, il mène une existence paisible au milieu des bois. Jusqu’au jour où une troupe de mercenaires envahit le village pour tuer tous les hommes et capturer toutes les femmes. Druss, alors dans la forêt, arrive trop tard sur les lieux du massacre. Le village est détruit, son père gît dans une mare de sang. Et Rowena, sa femme, a disparu… S’armant de Snaga, une hache ayant appartenu à son grand-père, il part à la poursuite des ravisseurs. Déterminé à retrouver son épouse, rien ne devra se mettre en travers de son chemin. Mais la route sera longue pour ce jeune homme inexpérimenté. Car sa quête le mènera jusqu’au bout du monde. Il deviendra lutteur et mercenaire, il fera tomber des royaumes, il en élèvera d’autres, il combattra bêtes, hommes et démons. Car il est Druss, et voici sa légende… 
Alors là franchement, je vous le dis tout de suite, je risque de manquer d’arguments. Je crois que c’est pour moi l’un des meilleurs de l’auteur que j’ai lu jusqu’ici !
C’est foutrement épique et ça commence très vite pour ne jamais s’essouffler jusqu’à la dernière page. Il y a du drame, de l’humour, beaucoup d’aventures, quelques réflexions pas débiles du tout sur la violence et le besoin qu’a un être humain de parfois la laisser s’exprimer mais surtout, il y a des personnages inoubliables !
Druss, pour commencer, est parfait. Vraiment. Je crois que c’est la première fois que je dis ça d’un personnage de fantasy. On n’est pas avec un héros basique, ni même avec un anti-héros comme on en voit souvent maintenant, mais avec quelqu’un fait d’ombres et de lumières, têtu, acharné, torturé mais aussi très amoureux, droit et loyal… J’ai vraiment adoré. Ce n’est pas la première fois que j’ai affaire à lui, ayant déjà lu « Légende » il y a longtemps, mais je l’avais moins apprécié dans celui-là. Sans doute parce qu’il n’est pas les des protagonistes principaux. Ici, c’est de lui dont il est question, de son amour, de ses combats, de ses choix.
Évidement, parce qu’il s’agit de la saga Drenaï, il y est aussi question du pays, mis en danger par l’empereur de la Ventria. J’ai aimé découvrir ce que ces deux territoires voisins et ennemis de longue date étaient devenus bien longtemps après les récits dont il est question dans Waylander. Gemmell, alors qu’il s’agit quasiment toujours de guerre et de défis entre les puissants m’étant en péril la paix des nations, ne se répète pas dans ce bouquin, il se renouvèle énormément avec Druss et je n’ai pratiquement rien retrouvé qui ait déjà été exploité dans la trilogie précédente, hormis une histoire de démon…
C’est d’ailleurs le seul point négatif que j’ai gardé de cette lecture, il y a un ou deux passages un peu zarbes que j’ai pas bien saisi et qui n’étaient, de mon point de vue, pas forcément utiles. Ils ont même un peu plombé le rythme je trouve, mais ça ne dure pas longtemps et ne m’a de toute évidence pas énormément gêné.
Point essentiel : j’ai beaucoup aimé la fin ! Ça termine comme ça commence. La boucle est bouclée j’ai envie de dire. Chapeau Mr Gemmell !
J’ai failli oublier ! Rowena, la femme de Druss, est l’un des seuls personnages féminins à qui je n’ai rien à reprocher en fantasy, et c’est suffisamment rare pour que je le souligne.

01/09/2019

Ça manquait de l'odeur des marrons chaud et de celle des feuilles mortes en décomposition sur ce blog.

Comment passer de l’hiver à l’automne ? Régression saisonnière.
Après 3 participations consécutives au Cold Winter Challenge non seulement ma PAL s’est nettement vidée en livres thématiques (même si l’organisatrice veille toujours à nous laisser une confortable marge de manœuvre pour notre sélection) mais en plus j’ai pris une décision pour l’année 2020 : ne participer à aucun challenge (j’ai déjà commencé cette année en ne faisant aucune cession du week-end à 1000) Le CWC ayant lieu de début décembre à, généralement, fin janvier, j’ai préféré l’écarter. Puis, soyons honnête, ça fait du bien de changer !

Alors bienvenue citrouilles, chapeau de sorcière, humus de la nature, Kaki (ça c’est méga bon !) et autres glands.



Créer par Le Terrier de Guimause (jusque-là je pense que j’apprends rien à personne), Le Pumpkin Autumn Challenge est organisé relativement de la même façon que le CWC : des options, des menus, des sous-catégories, des titres. Son article vous détaille ça parfaitement bien, n’hésitez pas à le consulter et à laisser une petite trace de votre passage, ça fait toujours plaisir.
J’ai porté mon choix sur l’Option 2 et je vise le titre Ça s’appelle avoir les crocs, pour ça je dois valider deux sous-catégories par menus donc lire 8 livres en 3 mois, puisqu’il y a 4 menus. J’ai tendance à penser que c’est faisable, fut un temps j’étais même absolument certaine que je pouvais le faire mais c’était à l’époque de ma carrière de libraire. Là, une sélection pareille c’est vraiment un défi à relever (sans compter que j’ai repris des études…) J’aurais pu la jouer finaude et ne prendre que des bouquins pas longs, le truc c’est que j’adore les défis.



Menu Automne Frissonnant
« Tu n’en reviendras pas »


Lu en septembre
J'ai bien aimé, l'accent était surtout mis sur l'atmosphère très bien gérée, ça m'a foutu des frissons et donné froid, mais j'aurais quand même aimé, malgré moi, que l'aspect "polar" soit plus développé (j'ai trouvé la conclusion beaucoup trop rapide comparé au développement par exemple) Les personnages étaient extra, certains attachants, d'autres complètement détestables, mais je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il manque un petit quelque chose à ce livre pour être vraiment bien, sans que je sache dire de quoi il s'agit.


« Les os/eaux de Davy Jones »

Lu en novembre
Une très bonne surprise, une très bonne lecture, une super découverte avec ce classique, formidable roman d'aventure bourré de qualités à mettre entre toutes les mains ! Pour en savoir plus, c'est en chronique !

Menu Automne Enchanteur
« Down by the salley gardens »

Lu en septembre
Assez bof. Une douce romance qui manque d'un peu d'audace et m'a juste fait un peu déprimer. C'est comme si l'auteure avait tenté de nous faire comprendre que, la vie passant trop vite, on risque de louper trop de choses si on ne prend pas les bonnes décisions immédiatement… je suis passée à côté je crois bien.

« Mon voisin le kodama »
Lu en octobre
Un recueil très complet et passionnant sur l'Histoire de la Terre du Milieu, depuis le premier âge jusqu'à l'époque qui avoisine la fin du "Seigneur des Anneaux". Cela présente énormément de personnages emblématiques inconnus de la trilogie principale (et pour certains même jamais évoqués) tout en donnant des éclaircissements sur les plus connus (notamment Galadriel, Saruman et Gandalf pour ne citer qu'eux) Le seul petit point négatif c'est que ça s'adresse vraiment à ceux qui connaissent déjà l'univers de Tolkien, les autres risqueraient d'être perdus par toutes ces informations, tous ces lieux et personnages. Ne convient pas vraiment pour un premier contact avec ce riche univers. J'ai particulièrement été impressionnée par l'implication de l'auteur, on le voit qu'il s'est vraiment donné à fond !

Menu Automne Douceur de vivre
« L’autre Mère »

Lu en septembre
Je crois sincèrement que je suis totalement passée à côté de cette histoire. La nana (dont j'ai déjà oublié le nom…) m'était insupportable, une vraie tête à claque auto-centrée. Les mise en situation, qui auraient pu être vachement intéressantes psychologiquement, sont bâclées. L'auteur ne va clairement pas au fond des choses, comme s'il n'avait pas voulu choquer, mais bordel quand on choisit un tel thème pour un bouquin, on y va à fond !! Quant au gars (dont j'ai déjà zappé le nom aussi, mea culpa… ou pas) il était inintéressant au début, un peu moins au milieu, et trop geignard vers la fin. Les dernières pages rattrapent un peu l'histoire, comme si l'auteur avait voulu frapper un grand coup avant de conclure mais c'était clairement pas suffisant pour rattraper tout ce qui avait été loupé. Bref, déçue de ce texte, j'en attendais quelque chose de beaucoup plus fort !

« Un cinnamon et un chaï latte s’il vous plait ! »
Lu en septembre
J'ai passé un super moment avec ce recueil de nouvelles plein de poésie à l'écriture talentueuse, allant du rire aux frissons en passant par la tendresse et l'émotion. Je l'ai tellement aimé que je l'ai chroniqué !


Menu Automne Astral
« Rêverons-nous de moutons électriques ? »
Lu en novembre
Une bonne grosse surprise audacieuse et puissante qui a mérité sa propre chronique !

« Songe d’une nuit d’automne »

Lu la moitié en novembre
J'aime bien, c'est agréable mais très contemplatif. Il y a une belle philosophie mais je m'attendais vraiment à quelque chose de plus dynamique. Je continue quand même, pour voir ce que ça donne, mais je doute de lire les tomes suivants.

Cette année j’ai bien envie de mettre l’article à jour de façon plus propre (d’ordinaire je fais vraiment nawak !) alors je parlerai de chacun des livres sous chacune des couvertures au fur et à mesure de mes lectures, comme ça pour une fois ce sera pas du gros caca.

Bonne chance aux participants, et rendez-vous sur la page FB du challenge.

Bilan de trois mois de lecture
D'agréables et surprenantes découvertes mêlées à des livres un peu plus bofs mais pas de véritables déceptions, je suis plutôt satisfaite même si je n'ai pas totalement fini le dernier livre au moment de clôturer ce challenge (pas ma faute, un nouveau jeu Pokémon est sorti alors il a fallu que je revois mes priorités !)
Très contente de ce dernier défi. Maintenant je me prépare pour une année complète sans challenge littéraire !

Pour égayer vos soirées automnales :

25/08/2019

Miaou ?

Enfin un peu de psychologie sur ce blog, il était temps après… bordel, plus de 3 ans d’existence (et là je me rends compte que j’ai encore oublié de fêter son anniversaire. Pas grave, j’y penserai l’année prochaine !) Pour ceux qui viennent régulièrement, vous savez que je ne chronique que des romans aux genres très variés, et je ne lis pratiquement que ça d’ailleurs, c’est méga rare que je lise des documentaires, des témoignages, de la philo, de la psycho.

Pourquoi ?

Je suis un être humain et comme beaucoup je déteste qu’on me mette face à mes défauts, mes erreurs. Et lire ce genre de livre ça me rend généralement pas honneur.

C’est exactement comme avec ce bouquin, j’ai pris conscience que j’étais bien moins parfaite que je pensais l’être.
Ouch.

Bon, comme vous allez le constater ce n’est pas un livre de psycho humaine, de développement personnel, enfin rien qui concerne le genre humain quoi. Manquerait plus que ça, que je ressente de l’empathie pour ma propre espèce. Nan mais !

En un mot comme en cent : bienvenue au pays du Minou !


Éditeur : l’Opportun
Parution : 2018
Pages : 270

Résumé :
Votre chat fait pipi sur votre lit ? Il dégaine le coup de griffe ou le coup de dents sans que vous ne compreniez pourquoi ? Il vous réveille tous les jours à 5 heures du matin, il miaule désespérément toute la nuit ?
Vous rêviez d'une compagnie féline réconfortante, de câlins partagés, de jeux joyeux et de ronronnements, et vous voilà confrontés à des problèmes qui parfois peuvent vous sembler insurmontables.
Comportementaliste spécialiste du chat, Sonia Paeleman, formée à l'éthologie, vous aide à comprendre les problématiques d'une cohabitation parfois délicate.
Cet ouvrage pratique vous donne toutes les clés pour répondre aux besoins de votre boule de poils favorite.
Vous apprendrez aussi à décrypter ses comportements et ses signaux de communication, et à prendre soin de lui de la meilleure des manières.
Récits de consultations et nombreuses illustrations complètent ce livre indispensable pour tous les amoureux du chat.


A mon avis, ce sera la chronique la plus courte de ce blog.
Non pas parce que j’ai rien à dire sur ce livre. Au contraire, je pense que je vais être plus sincère que jamais. Mais je vois pas quoi dire d’autre si ce n’est que ce livre contient tout, et que vous devez le lire.

Limite je pourrais me contenter de ça, le truc c’est que je suis jamais satisfaite quand c’est trop court (oui oui, vous pouvez y voir une métaphore sexuelle, et j’avoue que j’adore ça) alors je vais tenter de développer.

Premièrement, grâce à ce bouquin j’ai enfin compris ce que c’était que l’anthropomorphisme. Faut dire qu’il fait peur ce mot aussi, on dirait qu’il a été inventé juste pour nous tuer ! Et du même coup, j’ai compris que j’étais une grosse adepte de cette façon de faire et que je projetais sur énormément d’animaux des réactions et émotions typiquement humaines qu’ils ne possèdent en réalité pas. Puisque ce sont des réactions et émotions humaines, CQFD. Et honnêtement, cette habitude m’a fait gerber. Parce qu’en comprenant que c’est une projection qu’on fait couramment sur l’espèce animale en générale, bah on se rend compte qu’on le fait aussi sur les autres humains. On attend parfois d’eux qu’ils réagissent d’une certaine manière parce que, petit a, c’est tout simplement ce qu’on souhaite, et/ou petit b, on se dit que c’est comme ça qu’on réagirait nous-mêmes, alors pourquoi pas lui/elle ?

Ah, vous sentez venir le gros mal de tête ? La grosse claque dans la gueule ?
Ou alors vous vous dites simplement que j’ai un pète au casque et vous avez peut-être raison, au fond.

J’ai eu deux chats dans ma vie (oui j’ai l’air de faire une psychanalyse, et après ?) et je pensais sincèrement les avoir rendus heureux. Il n’y a jamais eu de soucis comportemental avec eux, je n’ai vraiment jamais eu aucun problème du genre : pipi intempestif partout dans la baraque, miaulement à toute heure du jour et de la nuit, automutilation (oui un chat qui a un très gros malêtre peut en arriver à cette extrémité), agressivité, folie, enfin rien quoi. Du coup, j’ai toujours pensé que j’étais une parfaite humaine de chat, à l’écoute et affectueuse. Sauf que non. En vrai, je ne suis pas le héro de cette histoire, ce sont mes chats. Parce qu’ils ont réussi le magnifique exploit de s’adapter extraordinairement bien malgré leur instinct de chat (qui est resté, rappelons-le, un animal éminemment sauvage et territorial) à la vie bancale que je leur proposais. Bancale, parfaitement.

Ce livre met en lumière une chose, une seule vérité qui fait mal, mais qui est nécessaire : lorsqu’un chat a un trouble comportemental, c’est surtout dû à son humain qui n’est pas à l’écoute et pense bien faire en projetant sur lui des attentes et des besoins typiquement humains (anthropomorphisme bonjour !) et admettre ça, c’est pas évident. Puisqu’on pense bien faire.

On part du principe que le chat doit s’adapter à notre vie d’hommes, et il fait son maximum pour y arriver, vraiment, j’ai un respect immense pour cet animal depuis que j’ai lu ce livre, car il a une faculté d’adaptation qui dépasse notre imagination, mais en réalité, l’adaptation, c’est à nous de la faire. Faut garder à l’esprit que le plus intelligent dans cette relation, c’est nous, le chat lui est limité par ses capacités félines, mais nous non ! Avec un peu de travail, de motivation, de confiance, on peut comprendre le langage complexe de cet animal. Mais bon. On est les champions de l’anthropomorphisme, et c’est là que ça coince.

J’ai réalisé que des erreurs j’en avais fait des tas, à la pelle, des grosses, et que mes chats ne m’aient jamais posé aucun problème relève du miracle ! Ils ont été véritablement courageux et moi, au début de ma lecture je me disais que j’avais été une humaine horrible, et je me sentais affreusement coupable.

C’est ainsi que le livre est construit. Je sais pas si c’est fait exprès, mais dans la première moitié l’auteure nous explique comment percevoir les signaux de bien-être et de stress chez le chat ; comment subvenir efficacement à ses besoins (donc tout ce qui est litière, gamelle, repos, tromper l’ennui, toussa) et c’est là que j’ai compris que je n’avais fait quasiment que des erreurs. Ensuite, dans la seconde moitié du bouquin, elle nous propose de repenser totalement notre relation avec l’animal, donc de nous adapter nous à ses besoins, ses comportements félins, bien décrypter ses signaux de communication. En gros, c’est là qu’elle nous déculpabilise et nous conseille de dépasser l’anthropomorphisme, d’arrêter de parler et penser uniquement « humain » et nous apprend à parler « chat ». Et croyez-moi c’est un langage complexe, foutrement intéressant, et qui nous apprend beaucoup sur nous-mêmes. En tentant de décrypter le langage félin j’ai également appris à décrypter celui des humains d’une autre façon. C’est-à-dire : non pas en me focalisant sur ce que je voyais ou j’entendais d’un autre bipède, mais en me focalisant sur les signaux que moi-même j’envoie. Quand on échange avec quelqu’un on fait rarement attention à la façon dont on se comporte et pourtant c’est méga important. Avec un être aussi sensible au stress que le chat, ça l’est d’autant plus.

C’est là que j’ai commencé à me dire : quels signaux j’envoyais à mes chats ?

La réponse est terrible : ceux d’un être totalement imprévisible qui n’écoute pas. Et pourtant ils ont vécu avec moi 10 et 13 ans. Vous vous imaginez, vous, vivre une décennie avec une personne dont vous êtes absolument incapable de prévoir les gestes, les réactions ? Personnellement, j’aurais pas le courage.

Comment, malgré toute cette prise de conscience, ce livre a-t-il aussi réussi l’exploit de me déculpabiliser ? L’auteure nous rassure tout le temps, avec des mots simples : si vous en êtes à vous renseigner sur le comportement félin en lisant ce bouquin ou un autre, c’est que déjà vous êtes désireux de vous améliorer, de progresser, et de dépasser votre anthropomorphisme, ce qui n’est pas évident, vous êtes donc sur la bonne voie.

Elle a également réussi à me faire rire (la façon dont ce livre est rédigé nous permet de nous mettre à l’aise) et à me faire monter les larmes aux yeux. Sonia Paeleman me fait l’effet d’une femme d’une grande sagesse, qui aime ce qu’elle fait, aime et respecte profondément les chats, et elle m’a donné envie d’en apprendre plus pour enfin devenir un jour ce que je croyais être : un parfait humain de chat.
Alors merci à elle.
Et crotte, cette chronique est beaucoup plus longue que je l’avais prévue.


Il n’y a pas longtemps, une jeune femme que j’adore a dit dans l’une de ses vidéos que vivre ses passions était un facteur important pour notre bonheur. Et mes passions, vous les connaissez presque toutes maintenant : la lecture, la Kpop, les chats, et… une autre (attention, les dramas ne sont pas une passion mais un passe-temps, nuance). Une dernière. Que généralement je préfère garder secrète car je ne sais pas trop comment l’expliquer. Mais quid de l’explication, foutre, j’ai bien l’intention de vous en parler également ! Car cette jeune femme a raison. Les passions, c’est bon pour la santé de la cafetière !

Le site de Sonia Paeleman : ici.

18/08/2019

"On peut aisément pardonner à l'enfant qui a peur de l'obscurité; la vraie tragédie de la vie, c'est lorsque les hommes ont peur de la lumière." - Platon


Un jour une jeune libraire découvre « Terreur » de Dan Simmons et se dit que ouais, décidément, c’est un auteur pour elle. Elle décide donc de se procurer ce que beaucoup considèrent comme sa meilleure réussite. Oui mais voilà, ladite œuvre est dense. Très dense. La jeune libraire se dégonfle, le met de côté, elle verra pour plus tard, de toute façon des livres elle en a trop à lire et n’a pas de temps à perdre avec un bouquin qui se vend très bien tout seul et qu’elle pourrait mettre des semaines à finir.

Puis, des années plus tard (libraire elle ne l’est plus) alors qu’elle part en vacances pendant 15 jours, elle décide de l’emmener avec elle, c’est bien comme ça pas besoin de se promener avec 4 livres, elle n’en prend qu’un seul.

Pour finalement se retrouver bien con. Parce que vous savez quoi ? J’ai lu cette frappe littératomique en même pas 10 jours.

Ouais, du coup je me suis retrouvée au bord de la piscine sans rien avoir à lire, à ruminer sur ma débilité et la claque que je venais de prendre.

Projecteur sur :
Éditeur : France Loisirs
Pages : 1304
Parution : 2012

Résumé :
Ils ont le Talent. Ils ont la capacité de pénétrer mentalement dans notre esprit pour nous transformer en marionnettes au service de leurs perversions et de leur appétit de pouvoir. Ils tirent les icelles de l’Histoire. Sans eux le nazisme n’aurait peut-être pas été cette monstruosité dont nous avons du mal à nous remettre, les fanatismes de tous ordres ne se réveilleraient pas de façons aussi systématique et nombre de flambées de violence, tueries, accidents inexpliqués, n’auraient peut-être pas ensanglanté notre époque. Car ils se livrent aussi entre eux, par « pions » interposés, à une guerre sans merci. A qui appartiendra l’omnipotence ? Sans doute à celui qui aura le plus soif de pouvoir.

Déjà avec « Terreur » j’étais au top question frissons qui remontent le long de la colonne vertébrale, avec la sensation que quelqu’un dans l’ombre épaisse m’observait. Alors là, avec cette œuvre monumentale, le top est loin derrière, et moi j’ai ressenti un malaise toujours croissant, de plus en plus persuadée que j’avais foutu les patounes dans un putain de piège tendu par un auteur qui, bordel, sait ce qu’il fait !

Ah oui, on la sent la puissance du style, de l’Histoire et de toute l’intelligence dont Simmons a fait preuve pour mettre en forme et nous présenter, tel un caviar empoisonné sur un plateau d’argent poli, cette histoire monstrueuse, peuplée de monstres bien humains tournant autour de la part de notre histoire la plus moche : celle de l’extermination des Juifs. Peut-être que c’est pour ça qu’on ressent si bien toute la monstruosité qu’il a voulu dénoncer, ça se passe toujours dans le réel. C’est du fantastique pur et dur, comme « Terreur ». Ce monde est le nôtre, cette Histoire est la nôtre. Du coup, cette monstruosité nous paraît plus terrible encore, et qu’il ait décidé de porter toute la culpabilité sur des enfoirés pas tout à fait humains n’atténue en rien la honte.

En commençant ce bouquin, j’ai immédiatement compris que je sautais à pieds joints dans une malveillance étouffante, poisseuse, qui m’a plusieurs fois empêchée de respirer, et pour cause, il nous met tout de suite dans le bain, dès l’ouverture : nous sommes en 1942 à Chelmno, camp d’extermination au cœur de la Pologne, où les nazis s’en donnent à cœur joie avec les fours crématoires et les expériences. Saul Laski est un survivant qui a vu sa famille se faire décimer et qui attend la mort mais non sans perdre sa dignité, car lorsque des officiers allemands, menés par un certain « Oberst », viennent sélectionner des victimes totalement au hasard, il décide de résister. Tout, plutôt que de se faire sagement fusiller ! Sauf qu’il ignore que ce fameux Oberst n’est pas un humain comme les autres, jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il perd totalement le contrôle de son corps et de sa volonté, car quelque chose, ou quelqu’un, s’est invité de force dans son esprit

Dès le début, dès le prologue, Dan Simmons nous livre l’étendue de son propre talent grâce à un coup de maître génialissime : lier, à la perfection, fantastique et faits historiques réels. Et il en sera comme ça tout du long ! J’ai été chaque fois bluffée par la facilité apparente avec laquelle il parvient à mêler ces deux genres pourtant bien distincts. Mais comment il a fait ça putain ? J’ose même pas imaginer le travail titanesque de recherche et de (ré)écriture que ça lui a demandé (et quand j’essaye d’imaginer ça me file mal au crâne).

L’histoire continue presque 40 ans plus tard, aux États-Unis. Deux vieilles dames, Mélanie Fuller et Nina Drayton, et un vieux monsieur, Willi Borden, se sont réunis pour un jeu dont eux seuls connaissent les règles, mais ça dégénère et près d’une dizaine de cadavres seront le résultat de cette entrevue. Le shérif Bobby Joe Gentry devra résoudre cette énigme, mais il est totalement largué et l’agent du FBI Haines ne semble pas pouvoir lui apporter les éclaircissements qu’il espérait, et voilà-t’y pas qu’un certain Saul Laski, psychiatre, se pointe comme un cheveu sur la soupe pour lui apporter son aide. Sans oublier la jeune Natalie Preston, bien décidé à découvrir qui a tué son père, l’une des dix victimes inexpliquées…

Arrivée à ce stade, je commençais à me dire que cette enquête sentait le moisi et que tout était beaucoup plus complexe qu’un simple thriller, aussi malade soit-il. Et j’avais raison. On est carrément dans de la manipulation de masse, de la corruption à l’échelle planétaire, tout ça à cause de gens totalement dingues doués d’un Talent que personne ne comprend, une vraie galerie de monstres, des chasseurs assoiffés qui resteront toujours dans l’ombre à regarder leurs victimes d’entretuer. « L’échiquier du mal » est un titre vraiment parfait, car on est dans le mal pur, dur, terrible. Aucun des mécanismes de la méchanceté ne nous sont épargnés et l’auteur n’a pas hésité à nous le prouver en multipliant les scènes malaisantes sans mâcher ses mots qui m’ont donné envie de hurler d’indignation et d’étrangler moi-même certains personnages. Mention spéciale ici à Tony Harod, producteurs de films sans scrupules ni états d’âme que j’ai envie de torturer même encore maintenant alors que j’ai fini le bouquin !

C’est aussi ça que Dan Simmons a parfaitement réussi : il nous familiarise avec ses personnages avec une telle facilité que ça en devient surprenant. Il nous les rend détestables et/ou attachants, parfois même carrément haïssables. Jamais de simples personnages de roman ne m’ont paru si réels, si vivants. Ils sont parfaitement maîtrisés, développés. Les morts, en majorité très choquantes, le sont elles aussi (ouais, ça meurt beaucoup je préfère vous le dire !) et que dire de la construction du récit lui-même ?

Chaque chapitre est centré sur un personnage, un lieu, un événement. Et même si ça finit toujours par se regrouper à un moment donné pour mieux s’éloigner par la suite, on est jamais perdu, ni dans le temps ni dans l’instant. Tout est parfaitement fluide, maîtrisé, et l’intensité ne disparaît jamais, comme si tout ce roman n’était qu’un fil à la tension extrême prêt à lâcher à tout moment.


Vous voulez que je vous dise honnêtement ? Je suis fière de moi d’avoir été au bout de ce livre. Parce que parfois je vous jure que c’était vraiment malaisant. Lire ça au bord de la piscine en plein soleil et non pas le soir alors qu’il fait nuit avant d’aller me coucher, a été l’une de mes meilleures idées.

Putain, je viens de me retourner pour voir s’il n’y avait personne derrière moi, sans déconner ! Nan mais je suis débile aussi d’écrire cette chronique en pleine nuit, alors qu’il pleut