24/11/2019
Ne demandez jamais à un pirate de choisir entre son perroquet (sans jeu de mots) et sa jambe de bois (ouais bon si, OK, y'en a un)
Alors à l’abordage moussaillons, sortez vos jambes de bois et n’oubliez pas votre perroquet bavard, c’est l’heure d’hisser nos couleurs.
Éditeur : Livre de Poche
Parution : avril 1972
Pages : 219
Résumé :
Depuis l’Odyssée, aucun récit d’aventures n’eut plus de succès que l’Île au Trésor. Jim Hawkins et le terrible John Silver, l’homme à la jambe de bois, sont les héros de cette histoire. L’Hispaniola débarque sur l’île au Trésor les « bons » et les « méchants ». Dès lors, une lutte implacable se déroule pour retrouver le trésir amassé par Flint, redoutable pirate mort sans avoir livré son secret.
On dit de lui que c’est un « classique ». Personnellement, même si je sais ce que ce terme désigne, j’ai toujours eu du mal à le définir. Grâce à l’Île au Trésor, aujourd’hui j’y arrive. Enfin, un peu.
À l’époque où il a été écrit, il était destiné aux enfants. C’était au XIXème siècle. Aujourd’hui, clairement, il plaira davantage aux adultes. Disons qu’il est toujours à destination des adolescents, mais ces derniers seraient aujourd’hui incapables d’en apprécier toute la portée. Moi je suis plutôt contente d’avoir attendu pour le lire, je suis presque sûre qu’il m’aurait beaucoup moins plu quand j’étais jeune.
Toute la narration se fait du point de vue de Jim Hawkins qui est un garçon à l’âge indéfini (personnellement je le situe autour d’une douzaine d’années) très rusé, mature et courageux. Il a toutes les qualités du parfait jeune héros à qui tous les garçons peuvent s’identifier. Ainsi que les petites filles aussi, pourquoi pas bordel ! Quand il raconte son aventure il le fait en se focalisant sur l’essentiel, sur l’action. Le récit est donc très dynamique, il n’y a pas de temps mort quand c’est Jim qui tient la barre et cela en fait un parfait roman de piraterie et de quête. Si, au fil de l’aventure, ce petit gars l’emporte sur tout et sur tous, c’est qu’il possède l’imagination et l’innocence qui peuvent pulvériser les obstacles (et ça m’a donné envie de redevenir gosse, putain)
Il y a toutefois une petite partie où l’un des autres personnages prend la parole, c’est un adulte et son récit est plus dans l’analyse, c’est un peu plus ennuyeux mais ça se concentre davantage sur la psychologie des personnages et c’est finalement très intéressant. Ça m’a permis de me rendre compte que si, au premier abord, il semble y avoir le camp des gentils d’un côté et celui des méchants de l’autre, en réalité c’est bien plus complexe. Il peut y avoir tellement d’inattendues complicités entre chaque protagoniste qu’on s’y perd. L’auteur a pris soin de certes construire son roman comme une quête initiatique pleine de rêve et de fantasmagorie mais il n’en est pas moins resté réaliste. Dans l’adversité, les relations se font et se défont au gré des événements et des séductions.
Mais s’il y a bien un personnage parmi touts ceux-ci qui mérite d’être mentionné, c’est l’île elle-même. Elle y tient un rôle central et fortement symbolique. Elle présente d’abord tous les traits de l’endroit rêvé et utopique avant de finalement se révéler plus sombre dès lors que les hommes s’y perdent, comme si elle était contaminée par la noirceur des pensées pleines d’avarice des adultes. Un cadre donc idéal au combat essentiel que se livrent ce monde des adultes et celui de l’enfance (sous les traits de Jim Hawkins et de Long John Silver) En cela, elle m’a beaucoup rappelé le Pays Imaginaire de Peter Pan (les sirènes chelous en moins)
On tire une vraiment grande leçon de cette lecture. C’est un livre à mettre entre toutes les mains et les pieds. Pas de chichi.
13/11/2019
Zimzalabim !!
Assez parlé, place à l'action !
De leur côté, Tancrède de Tarente et Clorinde ont retrouvé l’amour, une foi inébranlable, et comptent mener à bien leur mission, au nom du tout-puissant Pape Urbain IX. En tant que méta-guerriers, la prise de l’ultime tombeau du Christ repose en grande partie sur leurs épaules.
Mais sous l’implacable soleil centaurien, rien n’est gravé dans le marbre. Alors que les rebelles se cachent et s’organisent dans le désert, que les Atamides se révèlent plus dangereux que prévu, les luttes de pouvoir s'intensifient et des forces nouvelles s’agitent dans l’ombre. De ces zones obscures dépendront l’avenir d’Akya, des nouveaux Croisés et, à plus grande échelle, de peuples entiers…
Ah ! Que voilà une aventure que j’étais ravie de reprendre !
Dans le tome 1, même si j’avais adoré l’histoire et ce huis-clos géant se déroulant dans cet énorme vaisseau spatial, j’étais restée quelque peu sur ma faim en tournant la dernière page tant j’avais hâte de voir les croisés débarquer sur Akya. Faut dire aussi que l’auteur, dès le début du livre, nous rabâchait sans cesse que c’était l’unique but de toute cette histoire : les croisades, menées sur une autre planète.
Avec le tome 2, nous y voilà enfin ! Et l’auteur enfonce les clous en défonçant royalement tous les beaux principes de la chrétienté (si si, ils les défoncent !) en faisant passer tous les croyants de cette aventure pour des fanatiques religieux ultra-violent et idiots.
Alors. Ça peut paraître négatif dit comme ça mais ça ne l’est pas. Du moins, pas totalement. Durant ma lecture, j’étais, je le reconnais, un peu déçue de cette méthode, je me disais que s’il voulait à ce point mettre à mal les dogmes et l’aveuglement extrême de certaines religions, il aurait pu le faire de façon plus subtile. Finalement, quelques jours après avoir terminé ma lecture, j’ai réalisé que ce choix était judicieux au regard du style narratif et du genre. Oui, d’accord, il dénonce à la façon d’un homme qui veut vraiment faire passer tous les croyants pour des ignares aveugles, mais au moins comme ça le message passe, sans compter qu’il ne faut pas oublier qu’on est avant tout dans un livre de science-fiction et d’aventure. Pour répondre au mieux aux codes du genre, il faut donc de l’action, de la baston, des extra-terrestres et tout et tout (attention, je ne dis pas que TOUS les livres de SF devraient être comme ça, je dis juste qu’il s’agit des codes les plus connus du genre)
Et croyez-moi que des combats, il va y en avoir !
D’ailleurs, au début ce n’est que ça : humains VS Atamides. Une vraie boucherie. Je me demandais où l’auteur voulait en venir et s’il n’y allait pas un peu fort. Puis j’ai finalement compris vers quoi il nous menait.
Dans le tome 1, Tancrède de Tarente était l’un de mes personnages préférés. J’avais beaucoup aimé sa sensibilité malgré son image d’homme de guerre même s’il m’agaçait un peu parfois à ne pas prendre clairement de décision. Dans la suite j’ai malheureusement été un peu déçue. Non pas du personnage lui-même, il est toujours très bien au regard de ce qui lui arrive, mais à cause de la façon dont l’auteur à déroulé les choses pour lui. En toute honnêteté, j’ai trouvé que ça manquait d’originalité, et quand c’est développé dans un tel manichéisme ça a tendance à m’agacer.
Désolée, M’sieur Baranger, mais les choses ne sont en réalité pas comme vous les décrivez : non, il n’y a pas le blanc d’un côté et le noir de l’autre ; le bien VS le mal. Parfois, souvent même d’ailleurs, il y a du gris et un entre deux indécis.
Un peu plus positif maintenant : Albéric Villejust, le second personnage le plus important de cette histoire, et celui que j’avais préféré dans le tome 1, reste ici celui que j’aime le plus. Je l’apprécie même davantage.
Les quelques défauts que je lui reprochais auparavant ont disparu, il change énormément et devient un homme qui n’a plus autant peur qu’avant de prendre les décisions. Il s’affirme et j’aime beaucoup cette nouvelle image de lui, plus téméraire. Son intelligence et sa sensibilité en font quelqu’un de vraiment à part parmi tous les autres protagonistes.
Pour ce qui est des Atamides, là j’applaudis franchement l’auteur. Ce peuple extra-terrestre ne ressemble en rien à ce que j’ai déjà rencontré dans les nombreux livres de SF que j’ai lu jusqu’à présent, il a fait preuve d’une très grande originalité. J’ai beaucoup aimé découvrir leur culture, leurs coutumes et même leur particularité biologique (ou biochimique…) dont je ne peux pas trop parler ici sous peine de spoiler.
Quant au rythme du récit, il était vraiment en dent de scie. Commencer par tant d’action pour finalement sombrer dans de lentes et longues descriptions dont certaines étaient ennuyeuses sinon inutiles était assez mal géré. À la place de tout ça j’aurais apprécié qu’il nous en dise un peu plus sur la faune et la flore d’Akya par exemple. Même si nous avons eu un très bel aperçu de ce que pouvait être un « tigre-roche », le seul petit moment qui lui est consacré n’a pas étanché ma soif de savoir et mon indécrottable curiosité.
Pour ce qui est de la fin, je dois reconnaître qu’à elle toute seule elle rattrape les quelques petits points négatifs que j’ai relevé. L’auteur a eu une riche idée (quoi qu’un peu tiré par les cheveux, mais pourquoi pas !) et a su admirablement bien la développer. Sans compter que je ne m’attendais pas du tout à ce que le Saint-Michel, le vaisseau qui les a menés de la Terre à Akya, ait à nouveau son utilité.
Et pour ce qui est de l’histoire d’amour entre Tancrède et Clorinde, alors ? Bah elle m’a tellement peu intéressée que j’ai pas grand-chose à en dire, si ce n’est que j’aime plutôt bien comment ça fini entre eux, voilà !
Bref, du bien, du moins bien et du très bien pour ce livre, ce qui nous donne un diptyque ma foi fort génial ! Si vous êtes féru de science-fiction qui sort de l’ordinaire tout en restant sur les rails des codes du genre, ne passez pas à côté !