23/03/2019

Transformation d'une chrysalide moche en papillon démoniaque !

Le manga et moi, c'est assez spécial. Ado, je ne lisais que des yaoi, et si aujourd'hui je prends encore plaisir à relire certaines séries coup de cœur de cette époque que j'ai gardé, ceux que je découvre aujourd'hui m'ennuient profondément la plupart du temps (hormis la chouette découverte : "In these words" ) d'ailleurs j'en lis quasiment plus de récents.

Question seinen, si j'en avais tenté certains, aucun ne m'avait autant plu que cette petite merveille de violence et d'humour !

Editeur : Kurokawa
Pages : 200
Parution : janvier 2019

Résumé :
Que seriez-vous prêt à faire pour sauver la vie de votre enfant ?! Je ne suis qu'un pauvre type qui aimerait pouvoir se dégonfler au point de disparaître... Tetsuo est un modeste père de famille qui se passionne pour les romans policiers. Il découvre un jour des traces de coups sur le visage de sa fille qui vient à peine de quitter le foyer familial pour vivre seule. Tetsuo retrouve rapidement le coupable et le suit. Sans savoir que cela le mènera à commettre un crime qui changera pour toujours la destinée de sa famille. Mais pour le bien de sa fille, ce papa fait le choix de la lutte …

Franchement ce genre de scénar m'accroche assez, de base, et les très bons retours que j'entendais par-ci par-là m'ont finalement décidé à essayer. J'ai mis 2 mois quand même à me convaincre.

Ne vous attendez pas à une histoire follement originale car la mafia y tient une grande place (les méchants sont assez basiques, quoi) mais concernant les personnages, là y'a du plus lourd !

Tetsuo. A première vue, il n'a rien pour lui, le pauvre. Effacé, physique normal, citoyen respectueux et calme, père de famille gentil, bref le salaryman lambda quoi. Il est à ce point mou que, lorsque quelqu'un laisse un commentaire du genre : bien mais sans plus, sur les romans policiers qu'il écrit et publie en ligne, ça lui suffit ! Je comprends que certaines personnes s'en contentent, mais la majorité tenteront plutôt de s'améliorer et tout faire pour avoir de bien meilleurs retours ! Pas notre Tetsuo. Trop modeste pour ça. Par contre, dès le début on sent tout l'amour qu'il a pour sa fille, tout le respect qu'il a pour sa femme, et ça me plaisait déjà nettement plus. Il est totalement dévoué au bien-être des deux femmes de sa vie et rien qu'avec ça il me touchait beaucoup. Au début, j'avais juste pitié de lui, honnêtement. Mais très vite il s'est transformé et clairement c'est l'un des meilleurs personnage que je connaisse, manga, livre et BD confondu !

Quand finalement il prend les choses en main pour protéger son enfant, là j'ai eu une grosse claque, un gros coup de cœur pour ce gars, et j'ai su que ce manga serait différent. Je ne parlerais pas plus du déroulement de l'histoire au risque de spoiler, sans compter que c'est relativement simple pour l'instant et se met en place très vite, dès ce premier tome. Mais ce qui mérite d'être mentionné, c'est l'atmosphère !

Deuxième point hautement positif. L'auteur ne surenchérit pas avec le gore, même si c'est hyper violent. Les actes sont là mais c'est au lecteur de les deviner, de les imaginer, peu de choses apparaissent dans les dessins, le dessinateur s'arrête toujours un poil avant que ça devienne vraiment sanglant. En quoi c'est positif ? J'admets que j'aurais aimé plus de prise de risque, mais c'est plutôt intelligent de faire ça car ça laisse le manga accessible à un plus large public. Le meilleur c'est qu'ils ont réussi à mêler ça à un humour très présent qui m'a très souvent fait éclater de rire ; des scènes le plus souvent amenées par la femme de Tetsuo qui est aussi un excellent personnage, très affectueuse avec son mari. Elle le comprend, l'épaule, ce qui les lie est très fort, on le ressent clairement et c'est très touchant.

Finalement, le personnage qui m'a le plus laissé indifférente, c'est leur fille. Elle a l'air naïve, très lambda aussi (la digne fille de son père, en gros) et j'espère qu'elle sera davantage développée. Pareil pour l'un des méchants, homme de main des yakuza, qui pourrait avoir un énorme potentiel s'il est bien exploité.

Au Japon, 6 tomes sont sortis. Je trouve ça un peu long au regard du scénar qui, comme je le disais, est assez simple. Ca me fait un peu peur. En espérant qu'ils aient réussi à bien gérer une histoire aussi classique sur la longueur. Avec des personnages aussi terribles, ils ont pas intérêt à se foirer sur le reste !

Bref, hâte de lire la suite.


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À partir de là évitez de lire si vous ne voulez pas trop en savoir ! Sauf pour ceux qui s'en foutent ou qui ont déjà lu la série.

J'ai pas mis trop de temps à lire le tome 2, je voulais vraiment voir comment Tetsuo allait se démerder !



Et je n'ai pas été déçue. Je vous parlais du potentiel d'un personnage qui pourrait être génial en étant bien exploité, l'homme de main d'un yakuza. L'auteure a magistralement fait son job et Kyôichi a vite pris du poids. Il s'intègre superbement dans l'évolution de l'histoire en devenant le partenaire inattendu, et ma foi dangereux, de Tetsuo. Ces deux-là font un duo totalement improbable, à la fois drôle et timide. Ils peuvent très bien s'entendre, ils le savent, nous le savons en tant que lecteurs, mais ne le peuvent pas pour le moment du fait de leurs situations respectives et préfèrent donc garder leur distance.

L'action est également au rendez-vous ici, me faisant prendre conscience que ça manquait un peu dans le premier tome. Les balles fusent mais notre cher père de famille n'en perd pas son courage pour autant. Il est toujours aussi attachant, touchant, et j'ai senti une légère évolution de sa part, comme s'il commençait enfin à être plus solide. Sa femme, qui le soutient de manière inconditionnelle, m'a plu davantage. J'aime son sang-froid, son intelligence et sa ténacité. J'ai l'impression qu'elle peut être tout aussi dangereuse que son mari, si ce n'est plus. Leur fille est moins présente ce qui n'est pas plus mal, je me suis pas trop attachée à elle, et on en apprend un peu plus sur Nobuto, chose à laquelle je m'attendais pas du tout et c'est plutôt malin de la part de l'auteur de continuer de distiller quelques révélations sur ce genre de personnage.

L'atmosphère est légèrement différente dans ce tome, qui s'avère être plus sombre. On est passé du quotidien d'une banale famille qui questionne énormément la figure paternelle nippone aux bas-fonds de la ville, dans les bars à hôtesse, les entrepôts glauques, les ruelles, et des lieux encore plus reculés. Si le premier tome avait un je-ne-sais-quoi de clinique (je pense notamment à la façon glaçante dont est expliqué la découpe du cadavre…), le deuxième gagne en intensité et en émotion. Parce que, plus d'une fois, j'ai personnellement eu très peur pour Tetsuo et Kyôichi !

L'intrigue évolue rapidement, les conflits éclatent déjà et le face à face entre Tetsuo et le père de Nobuto semble très proche. La dynamique de ce manga est dingue, et si ça continue sur cette lancée, ça promet !

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Voilà enfin le tome 3 !


L'auteur opère à nouveau un virage dans le rythme et l'atmosphère de son manga. Ici, au revoir l'action brusquement apparue dans le tome précédent, c'est un retour aux sources de la manipulation et du glauque qui lui avait servi de prologue dans le premier tome, et pour cause, ça démarre à peu près pareil avec un cadavre, du sang, et une bonne dose de grosse violence dès les premières pages.

Nous restons ensuite avec Tetsuo, et je dois dire que c'était un plaisir de le retrouver. Être à nouveau seul avec lui à le voir tendre des pièges tout en tentant d'en déjouer m'a fait du bien même si j'adore son tandem improbable avec Kyôichi (tandem qui revient par la suite, rassurez-vous) Il reste celui qu'il était au début, ce père de famille peu sûr de lui qui fait des erreurs mais ne baisse pas les bras, et malgré son intelligence et toute sa bonne volonté il commence à comprendre qu'il s'est attaqué à tout aussi intelligent que lui et je commence à me dire qu'il va finir par réellement se mettre en danger. Il a également une sorte de prise de conscience après une surprenante rencontre qui m'a touchée. Il commet des atrocités pour préserver sa famille, il n'hésite pas à se mettre du sang sur les mains, se faire humilier, souffrir, et même peut-être se sacrifier ce qui le rend totalement imprévisible, et peut-être cela fait-il de lui le personnage le plus dangereux de cette histoire. Il peut accomplir des choses horribles que la grande majorité des gens seraient incapable de faire, mais il n'en reste pas moins quelqu'un de très sensible, profondément humain, avec ses faiblesses.

Sa femme prend davantage de place, jusqu'à vraiment s'investir physiquement dans cette lutte. Elle prend des risques mais la force et le courage dont elle fait preuve m'impressionne beaucoup. J'aurais aimé être une femme avec autant de couilles ! Elle prend même des initiatives dans ce tome et j'en suis plutôt ravie. Certes, le soutien sans faille qu'elle a envers son mari est sans doute ce que je préfère chez elle mais la voir se mettre elle aussi à élaborer des plans est un délice. Elle se dévoile aussi fourbe et ingénieuse que Tetsuo. 

Kyôichi est moins présent et c'est peut-être la seule chose que j'ai à reprocher à ce tome de transition. Cependant, la fin promet un rebondissement inattendu dans le tome 4 mettant en scène Reika, la fille de Tetsuo, d'une façon que j'aurais jamais imaginé (très bonne surprise de la part de l'auteur)


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Et de 4 ! Ouais je sais, j'ai pris le temps.


Très honnêtement je me suis un peu ennuyée dans ce tome. C'est toujours aussi bien, l'auteure fait preuve d'énormément d'intelligence et mine de rien je me suis retrouvée à rapidement tourner les pages pour savoir comment les personnages allaient se débrouiller pour se manipuler les uns les autres et si l'un d'eux allaient se faire choper. Malheureusement, là où l'action venait parfois entrecouper ces moments fortement psychologiques, aussi délicieux soient-ils, dans les tomes précédents, là ça n'est pas le cas. En gros, j'aurais aimé que les personnages se bougent plus le cul que ça !

Le tandem improbable, parfait et dangereux Tetsuo-Kyôichi est de retour et j'ai senti monter la tension entre les deux. Je me suis même parfois dit que l'histoire ne pouvait pas se conclure sans que l'un des deux ne meure… des fois, j'en étais vraiment persuadée. L'auteure nous manipule avec beaucoup de talent.

Avant d'écrire cet avis j'ai relu ce que je disais du premier tome, et ça m'a permis de prendre conscience que Tetsuo avait fortement évolué en peu de temps. C'est subtil, incroyablement maîtrisé, et pourtant c'est bien là. Il est plus froid dans ses actes, un peu moins sensible sans pour autant en perdre son humanité, mais le plus fou c'est de voir à quel point son intelligence s'aiguise. C'est un manipulateur méthodique, foutrement intelligent, qui progresse à chacune de ses erreurs (s'il merde sur quelque chose vous pouvez être sûr qu'il ne fera pas la même connerie deux fois !) et ça le rend, vraiment, vraiment!, de plus en plus dangereux.

Et en plus il entraîne sa femme dans son sillage, le bougre. J'avoue que je m'attendais à ce que cette dame devienne plus forte que ça mais, certes elle prend des initiatives et n'a pas froid aux yeux non plus, mais j'ai eu la sensation qu'elle restait dans l'ombre de son mari alors que, précédemment, j'avais l'impression qu'elle pouvait prendre l'ascendant. En fait, Tetsuo devient un personnage tellement fort et sûr de lui en un laps de temps si court que les choses n'ont pas évoluées comme je le pensais. Pourtant, ce n'est pas décevant. C'est agréablement surprenant.

Clairement, l'auteure m'a agrippée.

La situation familiale de Kyôichi se dévoile. Au début, c'était un personnage qui paraissait très fort mais une fragilité se découvre et sa carapace paraît moins solide qu'elle ne semblait l'être. Il me touche vraiment beaucoup et, sincèrement, j'ai peur de ce qu'il pourrait lui arriver.

Concernant la fille de Tetsuo, j'ai peu de choses à dire sur elle. Je pense qu'elle est le personnage secondaire par excellence, même si toute l'intrigue démarre grâce à elle.

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Moi qui pensais que l’auteure avait déjà montré tout son potentiel dans l’art de retourner la situation, je m’étais trompée ! Elle prouve ici, encore une fois, qu’elle est pleine de ressource et que son histoire est loin de s’épuiser !

À la fin du précédent tome je m’attendais, dans celui-ci, à une conclusion aux petits oignons entre Kyoîchi et Tetsuo. La question était simplement : lequel des deux allait l’emporter ?

À la lecture de ce tome-là, je peux désormais dire qu’ils ont tous deux à la fois gagné et perdu. Kyoîchi a plus la parole ici que Tetsuo, c’est surtout sa mésaventure qu’on suit et j’ai vraiment eu peur pour lui. C’est un personnage que j’apprécie vraiment maintenant. Au début, j’étais persuadée qu’il serait le méchant de l’histoire, je ne m’attendais pas à ce que l’auteure en face un protagoniste qu’on puisse à ce point apprécier et je suis à la fois heureuse et triste de ce qui lui arrive finalement.

Quant à Tetsuo, s’il évoluait beaucoup dans les 2-3 premiers tomes c’est moins le cas maintenant, bien évidemment, mais je l’adore toujours autant. Ce qui lui arrive dans les dernières pages m’a convaincu que ce pauvre homme est vraiment le plus malchanceux que je connaisse.

Cependant, la véritable héroïne est ici, pour moi, la femme de Tetsuo. Elle fait preuve de beaucoup de courage et prend un risque énorme pour aider son mari, c’est vraiment elle qui est au cœur de l’action ici.

La seule pour laquelle je n’ai malheureusement toujours pas de sympathie, c’est leur fille. Je l’ai même trouvé particulièrement idiote. J’espère changer un jour d’avis sur elle… si c’est pas le cas c’est pas spécialement grave, tous les personnages d’une histoire ne peuvent pas forcément plaire.

La fin nous laisse sur un cliffangher de fifou dont l’auteure a le secret et j’ai vraiment hâte de lire la suite de cette histoire qui est très loin de s’essouffler !


Ding Dong :
Du nouveau dans les dramas !
Jamais déçue avec lui.
C'était il y a un an.

05/03/2019

J'ai pas d'idée de titre. Ca me gonfle.


Bah quand même ! Et rien de tel qu’un bon gros classique anglais comme première chronique littéraire de l’année.

Editeur : Libretto
Parution : Juin 2012
Pages : 611

Résumé :
Ami et rival de Dickens, Wilkie Collins invente avec Pierre de lune le premier récit policier moderne, et donne au roman une nouvelle mission : dire et montrer ce qu'il est de bon ton de taire et de cacher. Borges, T. S. Eliot, Charles Palliser aujourd'hui, considèrent ce livre comme l'un des sommets absolus du genre. Il n'est évidemment pas question de résumer ici ce roman gouverné de bout en bout par la peur, oeuvre " hitchcockienne " avant la lettre, qui réussit cet inquiétant tour de force : une fois le livre refermé (après quelques nuits blanches), chaque lecteur possède, ou croit posséder, son interprétation du mystère. Du très grand art.


Autant les romans policier d’aujourd’hui ont vite fait de m’ennuyer, autant ceux d’hier me captivent. Non pas par leur enquête, le suspens, l’action ou tous les rebondissements et retournement de situation abracadabrantesques qui font la marque de fabrique des auteurs contemporain quand il s’agit de polar (un grand nombre, du moins) mais par tout le travail de finesse psychologique autour des personnages.

Dans chaque auteur anglais du XIXème se cache un grand sociologue. Tous les auteurs que j’ai lu de cette époque, que ce soit les sœurs Brontë, Austen, Hardy, Gaskell ou Trollope m’ont épatée par cette maîtrise qu’ils avaient concernant le développement de leurs personnages. Et ce grand Wilkie Collins, aussi.

Ce roman, qui m’a beaucoup fait penser à « Passion et repentir » que j’ai lu l’an dernier, regroupe plusieurs journaux, ou récit, de divers protagonistes ayant assisté malgré eux au vol, un soir d’anniversaire, d’un bijou : la Pierre de Lune.

Entre le serviteur dévoué, la dévote acharnée, le gentilhomme, l’avocat, le médecin de campagne ou encore le policier, je suis incapable de dire lequel m’a le plus plu. Ils représentent chacun, à leur manière, une caste de la société anglaise de cette époque, se confrontant les uns aux autres avec leurs qualités et leurs travers. C’est maître contre serviteur, riche contre pauvre, bien né contre malchanceux. Le choix narratif de l’auteur m’a permis de me sentir très proche de ces braves gens qui, à la demande de l’un d’entre eux, racontent comment ils ont vécu la disparition du bijou et ce qui leur arriva par la suite qui nous permettra, à nous lecteur, de découvrir l’identité du criminel. Leur point de vue créé une chronologie des événements très précise qui prouve à elle seule toute la maîtrise qu’avait Collins de son texte.

A côté de ça, faut quand même pas oublier que ce monsieur est considéré comme le précurseur du roman policier anglais, il y a donc une enquête, des questionnements et des réponses détournées, et que tous ces extraordinaires personnages ne font que se renvoyer la balle et se soupçonner mutuellement. Jusqu’à la toute fin je n’ai rien vu venir alors que, pour un polar comme il en sort à la pelle de nos jours, généralement je devine le dénouement à des kilomètres.

Toute l’histoire est en elle-même très simple : un diamant disparaît et des gens tentent tout pour le retrouver. La fin n’a elle non plus rien de bien compliqué et reste quelque peu ouverte (de mon point de vue en tout cas) mais Collins a su rendre ses personnages plus intéressants que tout ce mystère en leur donnant une profondeur telle que j’avais davantage envie de savoir comme ils allaient se relever de tout ça, que s’ils allaient finir par foutre la main sur cette foutue Pierre de Lune !

D’autres avis sur

Découvrir ce livre m’a permis de me rappeler que j’avais lu, il y a des années, « La Dame en blanc ». Il me semble que celui-ci est pour beaucoup le meilleur de l’auteur mais je n’en ai qu’un souvenir très vague. Je crois que je l’ai toujours. Et j’ai très envie d’une relecture !

D’autres anglais :

03/03/2019

Ca partait pour être un dimanche de merde.

Je m’étais promis de revenir avec un livre, mais subitement j’ai ressenti le besoin de voir ce film (nan en fait je m’emmerdais sévère aujourd’hui) du coup, c’est râpé.

Coup de cœur sur :


J’ai découvert l’acteur dans le drama Signal, véritable bombe atomique dans le domaine du polar fantastique, et j’avais noté ce film dans ma liste à voir en parcourant sa filmographie. Le titre m’avait d’abord attiré, ensuite le résumé.

Voilà ce qu’il dit, succinctement :

« Hong Gil-Dong est un détective solitaire affichant un taux de réussite hors-norme grâce à une mémoire infaillible et une personnalité étonnante. Insensible, il ne ressent ni la peur ni l’empathie, ce qui fait de lui quelqu’un de véritablement dangereux qui n’hésite pas à abattre ceux qui le gêne. Pourtant, il n’a absolument aucun souvenir de sa vie passée, hormis son propre nom et celui de son ennemi. L’histoire commence alors qu’il est sur le point de le retrouver et d’assouvir une vengeance vieille de 20 ans. Mais il va mettre les pieds dans une conspiration bien plus grande que ce qu’il imaginait… accompagné de compagnes de voyages qu’il n’avait absolument pas prévues ! »

Ce petit trailer en parle mieux que moi mais faites gaffe, je trouve que ça en dit un peu trop.

Quand ça commence, donc, ce cher détective est sur le point de mettre la main sur un vieil homme pour le butter. On est au terme d’une quête et je voyais déjà se profiler les événements faits de repentir et d’une traque entre deux hommes ; je n’attendais, je l’avoue, pas grand-chose du scénario honnêtement. Ce qui m’a accroché dès les premières minutes, c’est l’atmosphère parfaite ! La façon dont c’est filmé et narré fait de ce film un bijou ! On est dans la tête de Dong-Gil, véritablement, car c’est lui qui raconte les événements au fur et à mesure qu’ils se déroulent, et sa personnalité est tellement atypique malgré les codes de l’anti-héros qui sont utilisés, que je l’ai aimé tout de suite.

Il est interprété par Lee Je Hoon que j’aime énormément. En tout cas c’est la deuxième fois que je regarde quelque chose où il joue et chaque fois ça me plaît, alors ça a l’air bien parti entre lui et moi. Il évolue énormément durant l’histoire en restant pourtant fidèle à lui-même. Zigouiller ceux qui croisent sa route semble l’amuser et lorsqu’il s’agit de couper des doigts ou flinguer des gens, il affiche tout de suite un sourire de canaille, carnassier, limite effrayant, et dieu qu’il est efficace pour tuer ! Le reste du temps, il est froid, méthodique, menteur, manipulateur… bref, il a tout pour plaire. Le jeu de l’acteur était phénoménal, stupéfiant, parfait ! Son attitude a donné à son personnage une marque, quelque chose d’unique que j’avais jamais vu et pourtant j’en ai vu des personnalités bien barges.




Kim Dong Yi et Kim Mal Soon, interprétées par Roh Jeong Eui et Kim Ha Na, sont deux sœurs qui vont s’incruster avec Gil-Dong. Il a besoin d’elles pour accomplir sa vengeance et les entraîne avec lui dans sa recherche. Voir ce gars se trimbaler avec ces deux petites filles qui n’ont pas la langue dans leur poche, le voir en prise avec leur innocence, le voir sans voix face à leurs questions était succulent. Un délice qui donnait lieu à des scènes qui m’ont fait éclater de rire dans un film sombre et sanglant. Les actrices, malgré leur âge, ont grave assuré face à cet acteur et ça se combinait à la perfection !

Cette alliance entre violence et humour innocent a été brillamment interprétée, mais aussi admirablement bien mis en scène. Directeur et réalisateur ont fait un boulot magnifique avec ce film, les prises de vues, les paysages pratiquement toujours nus ont rapidement construit un huis-clos autour du trio, dans un village perdu aux couleurs brunes, grises, noires, quasiment fantomatique, qui a l’air de se trouver au bout du monde.

Mais si c’est l’aspect visuel et l’atmosphère qui m’a d’abord séduite, le scénario s’est rapidement étoffé et là aussi je dis bravo ! Une conspiration de grande envergure se dévoile assez rapidement, en lien avec le passé oublié du héros. Enfin, héros…

Il n’y a pas vraiment de héros, de mon point de vue. Il y a simplement un gars violent pour arrêter d’autres gars violents. C’est méchant contre méchants, avec deux petites filles au milieu, le tout se déroulant dans les années 60-70 (enfin, j’imagine, c’est dit clairement nulle part).

Ca fait des mois que je n’ai que des déceptions avec mes lectures et les dramas que je regarde, alors tomber sur une telle pépite de perfection, se retrouver en amour face à un film où la tension ne s’arrête pas pendant deux heures, ça fait du bien et ça me redonne espoir. Ces deux heures ont été les meilleures de ma vie, bordel à queue !