08/12/2017

Il faut avoir une sacré paire de couilles pour pondre un chef d'oeuvre comme ça !

Ah merde, l'auteure est une femme.
"Avoir une sacré paire d'ovaires", ça se dit ?

Bon, on s'en fout. Le seul truc à savoir, c'est que ce livre envoie du pâté !


Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Parution : mars 2016
Pages : 954 (et je ne mens même pas)

Résumé :
Dans la Maison, vous allez perdre vos repères, votre nom et votre vie d'avant. Dans la Maison, vous vous ferez des amis, vous vous ferez des ennemis. Dans la Maison, vous mènerez des combats, vous perdrez des guerres. Dans la Maison, vous connaîtrez l'amour, vous connaîtrez la peur, vous découvrirez des endroits dont vous ne soupçonniez pas l'existence, et même quand vous serez seul, ça ne sera jamais vraiment le cas. Dans la Maison, aucun mur ne peut vous arrêter, le temps ne s'écoule pas toujours comme il le devrait, et la Loi y est impitoyable. Dans la Maison, vous atteindrez vos dix-huit ans transformé à jamais et effrayé à l'idée de devoir la quitter.


C'est sûr que quand on lit ce petit morceau de rien, puis le nombre de pages (près de 1000, véridique, c'est pas une faute de frappe de ma part) et quand on voit la tête du bouquin, on est en droit de se demander ce que c'est que cet ovni.

Et de fait, c'est bien un truc venu d'ailleurs.

Sachez tout d'abord que c'est incroyablement gothique, sombre, dérangeant, et écrasant. L'atmosphère était parfois si étrange, lugubre et irréelle, que j'ai souvent arrêté ma lecture pour me plonger dans un autre livre plus facile d'approche, ou bien plus doux. Parce que sinon, j'aurais fini par devenir timbrée (déjà que mon état psychologique est pas fameux !) C'est donc pour ça que j'ai mis deux mois à le lire.

L'histoire c'est celle de la Maison. Pour moi, elle était clairement le personnage central de ce livre. À l'intérieur, il y a des enfants. Ils y entrent très jeunes, souvent âgés de 5 ou 6 ans, pour n'en sortir qu'à leur majorité, à 18 ans. Pourquoi ? Parce qu'en fait il s'agit d'un "internat" pour enfants handicapés/inadaptés/rejetés/infirmes... bref, cabossés quoi. Les éducateurs sont très peu présents, les gosses sont donc livrés à eux-mêmes dans cette Maison qui, parfois, paraît vivante. Ils se sont organisés en groupes : il y a Les Faisans, Les Rats, Les Chiens, Les Oiseaux, et Le Groupe 4, dont nous allons suivre la naissance. Ils se sont chacun donnés des surnoms qui font loi dans ce monde bien à eux. Aucune identité vraiment "claire" n'est mentionnée à aucun moment dans le livre, ce qui donne une dimension presque surnaturelle à tout le récit.

Nous suivons des personnages en particulier qui apparaissent presque chacun leur tour, certains plus que d'autres : Fumeur est celui qui revient le plus, d'après moi ; il y a aussi Sphinx, que j'ai particulièrement aimé ; L'Aveugle, que je n'ai pas réussi à cerner ; Chacal Tabaqui, peu présent mais très charismatique ; Gros Lard, qui m'a bien fait poiler ; et Ralf, le seul éducateur à prendre la parole dans tout ce bordel et que j'ai pas trouvé très honnête. En fait, c'est le seul adulte à faire entendre sa voix et c'est le seul personnage dont je me suis méfiée du début à la fin.

Quand ça commence, nous sommes avec Fumeur, un adolescent qui vient d'arriver dans la Maison. Il y est donc entré "sur le tard" comparé aux autres occupants qui sont là depuis déjà 10 ans, et peine à se faire accepter. Il a l'air de s'en foutre, mais on sent bien que c'est difficile à supporter pour lui car les autres lui en font voir de toutes les couleurs. Au début, on pourrait penser que ces gosses sont violents et méchants les uns envers les autres, mais en réalité ils ne le sont qu'avec les nouveaux. Parce que ce monde qu'ils se sont créés, c'est une famille pour eux et la Maison est leur mère. Toute nouvelle tête peut donc être une potentielle menace pour la vie de cette "communauté". Mais une fois dépassé ça, on comprend qu'il y a entre les élèves une réelle entraide et fraternité.

L'auteure, malgré l'atmosphère angoissante, garde un style d'écriture super agréable et particulièrement fluide. Chaque prise de parole est différente, car elle jongle entre les points de vue, les récits à la première personne puis ceux à la troisième, et les flash-back qui, et j'ai trouvé ça dommage, finissent par disparaître à mesure que passent les pages. Il y a donc toute une première moitié du livre où nous découvrons les personnages alors qu'ils devraient quitter la Maison d'ici deux ou trois ans à peine, qui va être entrecoupée de retour en arrière où nous découvrons ces mêmes garçons alors qu'ils sont tout jeunes et qu'ils viennent à peine d'arriver (Fumeur n'apparaît donc pas dans ces flash-back, suivez un peu !)

Au début, ces coupures me dérangeaient, je ne vous le cache pas, surtout les changements entre les "je" et les "il", mais très vite je me suis rendue compte que ça me permettait, au contraire, une meilleure compréhension. Je pouvais ainsi me dire : ah ! Si c'est du "je", c'est Fumeur ! Il y avait donc moins de risque que je me retrouve perdue en cours de route.

Et le reste de l'histoire alors ? Bah y'en a pas. Fumeur arrive et doit s'adapter. Point.

... Nan, ok, j'exagère ! En fait, il y en a une, mais elle s'installe lentement, tardivement et (je ne vous dis pas la suite, sinon je vous dévoile toute l'intrigue. Ce serait con) Entre les flash-back et le moment présent, il y a un trou de dix années. Au bout d'un moment, on comprend que quelque chose s'est passé pendant ce trou. Quelque chose qui va avoir des répercussions des années plus tard et qui m'a totalement intriguée et tenue en laisse jusqu'à la fin.

On est dans un huis-clos total, vous l'aurez compris (ou alors vous n'avez rien lu de ce que je viens de baver et vous êtes arrivés sur cette phrase totalement par hasard)
À l'intérieur de la Maison, il y a une véritable mythologie, les rites et les codes d'une vie en collectivité qui semble se dérouler dans une autre dimension tant c'est parfois surréaliste. Si certaines scènes de franche camaraderie me mettaient le sourire aux lèvres, ça pouvait très vite partir sur du tellement étrange que j'avais l'impression d'être tombée dans un univers alternatif au notre.

L'auteure s'amuse avec la ligne du fantastique (du merveilleux, aussi, quelquefois) sans jamais la franchir, de peur sans doute de basculer totalement dans la folie. Quoique ... des fois, elle allait vachement loin dans le surréaliste et je me demandais ce qu'elle pouvait bien avoir fumé ! Ce qui doit certainement être le plus grand défaut du livre, car il n'est de fait pas accessible à tous. Je ne vous cache pas que moi-même j'ai failli rester sur le carreau une ou deux fois.

Il y a un truc dont je tiens absolument à parler et que j'ai particulièrement apprécié : l'auteure ne s'attarde pas sur les handicaps de ces personnages. Beaucoup sont en fauteuil roulant, à d'autres ils manquent certainement plus d'une case, l'un d'eux est aveugle et psychotique, et il y en a un qui n'a carrément pas de bras ; tout ceci pouvait donc donner des scènes avec beaucoup d'émotion ou d'humour, pourtant ce n'est qu'à peine évoqué. Pour certains d'entre eux, ça m'a pris plusieurs centaines de pages avant de découvrir leur "particularité". Mariam Petrosyan a réussi à faire de ses personnages, malgré leurs différences, des garçons comme les autres évoluant dans un univers étrange. Je lui tire mon chapeau, autant pour ce joli message et ses descriptions toute en finesse que pour son imagination fabuleuse.

Et pourquoi, avec tout ce que je viens de vous balancer, que j'en fais pas un coup de cœur ?

Je suis chiante, pour commencer, et ensuite : j'ai pas aimé la fin. J'accorde beaucoup d'importance aux fins. Et là, je n'ai pas compris l'intérêt de rajouter ce genre d'épilogue. Si l'histoire s'était arrêtée à la fin du dernier chapitre... nan, même pas, parce que je dois avouer que la longueur du bouquin est un défaut, aussi. C'est très contemplatif, très lourd et lent par moment, et l'intrigue prend trop de temps et pas assez de place. J'ai pris une grosse claque, car le style et l'imagination de l'auteure sont bluffant, mais il aurait gagné à être un peu plus dynamique par moment. Quoique ça aurait sans doute cassé la patte de l'auteure...

Bref, je suis fatiguée, et je me sens abandonnée maintenant que je l'ai fini. Je crois qu'avec ce livre j'ai franchi une nouvelle étape dans ma vie de lectrice. J'ai adoré me perdre dans les couloirs de la Maison et en découvrir chaque recoin, mais ce qui m'attriste c'est que je sais que l'auteure n'en a pas tout dévoilé. On suit les déambulations des personnages à travers toute la baraque, et pourtant, quand on la quitte, on sent qu'elle n'a pas livré tous ses secrets. Ouais, c'est sans doute pour ça aussi que je ne le coup-de-coeurise pas.

Je me sens si seule, maintenant.

Lisez-le, bordel.

Et merci aux éditions Monsieur Toussaint Louverture d'avoir eu les couilles (je peux le dire cette fois ?) de dénicher une telle bombe de littérature russe !

D'autres avis sur
http://www.livraddict.com/biblio/livre/la-maison-dans-laquelle.html


Et maintenant, je sens que prendre un autre livre ou en continuer un en cours va être très dur. Mais je me doutais un peu que ça me ferait ça. D'ailleurs, je crois que je l'ai su dès les premières pages !

Voilà une lecture qui fait avancer mon Cold Winter Challenge ! (ouais, je l'avais rajouté dans ma PAL, l'air de rien)

Je suis contente. Et vous ? Heureux ?

:
On ne peut qu'aimer Scrooge.
Sinon, il y a Gaudé aussi !
Et puis tout à coup, tiens, l'envie me prend de vous foutre le lien d'un blog tout neuf que j'aime !

7 commentaires:

  1. Dès le début de ta chronique, je me suis dit qu'il me fallait ce livre !! J'ai vu "gothique", "dérangeant", "atmosphère", "sombre" je suis vendue !! Bon, je suis un peu intimidée par le nombre de pages, mais ça ne va pas me rebuter longtemps ! Je sens que je vais aussi mettre beaucoup de temps à le lire, mais pas grave ! Hâte de pouvoir en discuter avec toi !
    J'ai quand même peur de me sentir vide à la fin, si tu t'es sentie abandonnée ... Peut-être qu'elle a prévu d'écrire une suite ? (la fille qui rêve xD)
    Plein de bisous, et je te souhaite plein de bonnes lectures !! <3

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    1. Alors ça, je ne te contredirai pas là-dessus ! Je pense que ce livre est carrément fait pour toi XD
      Je dois t'avouer que je n'ai toujours pas commencé d'autre livre O.O J'en suis encore à tenter de digérer celui-là XD
      Malheureusement, l'auteure n'écrit plus. J'ai lu quelque part que depuis qu'elle avait terminé "La Maison", elle en était incapable :O
      Parfois, il y a des livres, comme ça, qui vous aspire l'âme !
      Des bisous ma BlueBlue, et bonne lecture à toi aussi ^^

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  2. Rohlala, je sens qu'il va vite rejoindre ma PAL celui-là xD
    Il faut le temps pour sortir d'un livre pareil. Je me souviens qu'après avoir lu Bleak House (La Maison d'Apre-Vent), plus aucun livre ne me semblait à la hauteur, c'était dur !!
    Ah mince !! En même temps, vu le colosse qu'elle a écrit, je pense qu'elle peut prendre le temps pour retrouver l'envie et l'inspiration xD
    Plein de bisous !! :*

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    1. Héhéhéhé ! Là, t'as pas à hésiter ;)
      J'ai regardé pour "Bleak House", il est en tomes c'est ça ? Le résumé m'intéresse beaucoup !
      Oui, on lui pardonne, elle peut prendre le temps de souffler.
      Bizzzzzzzzzz !!

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    2. J'ai la version intégrale en anglais, et je pensais qu'elle existait aussi en français ! Je vais regarder ça et je te dis quoi !
      Bisous !! :*

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    3. En effet, Bleak House n'est disponible en français qu'en tomes ! Je ne savais pas du tout !

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    4. Tu me rassures ! Je ne le trouvais que comme ça, je commençais à croire que j'étais vraiment boubourse XD En tout cas, j'ai mis le tome 1 dans ma Wish :D

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